Le projet immobilier Magnetik visant à regrouper 1 000 personnes de la Direction Orange Île-de-France dans un immeuble à la Porte d’Orléans est « différé ». Il visait à regrouper, dans 4 immeubles modernes proches du périphérique parisien, les États-majors de la DO et des Unités Opérationnelles, ainsi que des équipes opérationnelles avec des activités non adhérentes actuellement installées dans 15 immeubles parisiens. La Directrice Orange Île-de-France l’a annoncé le 18 juillet en justifiant la décision « compte tenu du nombre important de grands projets déjà engagés ». C’est le moins que l’on puisse dire ! En plus des déménagements déjà réalisés ou engagés comme East View ou Cœur de Défense, les grands projets immobiliers en cours d’ici 2023 devraient impacter 17.642 « occupants » (voir la carte ci-jointe). Cette « optimisation immobilière » réalisée aux dépens des conditions de vie et de travail des personnels est inacceptable : aggravation des temps de transport, imposition d’environnements de travail contestés (flex office notamment) et de nouvelles méthodes de travail, dégradation des conditions de travail et du collectif… Et tout cela souvent sans respect des procédures de concertation ont conduit FOCom à saisir, avec d’autres OS, les tribunaux contre certains projets. FOCom conteste une nouvelle fois la baisse des coûts réalisée au détriment des conditions de travail. Il faut arrêter cette folie !
Rapport édifiant des médecins d’Orange
Le rapport annuel des médecins du travail d’Orange pour l’année 2018 nous éclaire, comme chaque année, par ses très pertinentes analyses et préconisations. Elles corroborent pour la plupart les constatations faites par FOCom. C’est tout l’intérêt de la proximité avec les réalités du terrain des médecins comme de nos militants. A ce sujet, nous craignons les conséquences du très mal nommé « ancrage territorial » qui éloigne les directions des salariés et complique grandement le fonctionnement du collectif et des relations sociales. A cela s’ajoute la prochaine disparition des DP et des CHSCT, instances proches des personnels et porteuses de leurs problèmes – ce qui était sans doute leur principal défaut aux yeux du patronat. Les médecins entendent : « mettre à profit le contexte des CSE et de l’ancrage territorial pour optimiser notre participation aux différentes instances et systématiser le dialogue du service de santé au travail avec les directions métiers, dans un souci de préservation de la santé physique et mentale des salariés ». Ils en profitent pour reposer la question fondamentale de la prévention primaire et en particulier de l’analyse d’impacts des projets de transformations qui se multiplient à un rythme effréné. Ils soulignent les limites des groupes pluridisciplinaires de prévention (GPP) très chronophages dont nous contestons également l’efficacité. Une réflexion doit rapidement déboucher sur du concret.
Concernant les difficultés spécifiques aux boutiques qu’ils ont mises en évidence dans leur précédent rapport, ils constatent que la situation de plusieurs d’entre elles a été prise en compte, réglée ou améliorée sans pour autant que tous les problèmes structurels soient résolus. Ils espèrent (comme nous !) qu’au-delà des situations locales qui doivent être prises en compte, les dysfonctionnements structurels bénéficieront d’une réflexion approfondie et seront identifiés et travaillés. Ils relèvent une dégradation de la situation des managers et de grandes difficultés persistant dans les Agences Entreprises « largement documentées dans les conclusions individuelles des médecins les ayant en charge ». Pour 2019, année charnière à maints égards pour Orange, la direction devra être beaucoup plus attentive aux alertes qui lui sont remontées, favoriser la proximité des divers acteurs des relations sociales et… satisfaire les revendications des personnels portées par FOCom.
Le télétravail ne doit pas isoler
Dans son article 24 l’ordonnance Macron de 2017 entend favoriser le télétravail. Pas de quoi révolutionner notre situation à Orange où nous avons un accord à durée indéterminée que nous avons signé en 2013 et complété par un avenant en 2017. Il fixe le temps de présence dans l’entreprise à 2 jours par semaine minimum (à noter que, pour FOCom, ces 2 jours devraient pouvoir être effectués sur un site distant). Un garde-fou contre la perte de lien social et l’isolement. Actuellement quelques startups adoptent la politique du « sans bureaux » et donc du télétravail à 100% chez soi. Elles recourent à des pratiques qui en disent long sur la déshumanisation qui en découle : se dire bonjour le matin via un outil comme Slack (!), participer à des groupes de fitness ou de méditation à travers une webcam, mettre un robot en ligne (!) pour demander aux salariés chaque lundi des nouvelles de leur weekend, utiliser un canal « commendation » pour faire des éloges à un collaborateur qui travaille bien et un canal « complain » pour lui spécifier ce qu’il doit modifier… Ça fait peur, non ?
Peut-on en rire ?
L’entreprise vous stresse, vous subissez une charge de travail excessive, un management pervers, un environnement anxiogène, la précarisation ou des contraintes de rentabilité insupportables ? Rigolez ! Votre problème et sa résolution sont en vous : rigolez ! Ou alors méditez ! Car votre salut peut aussi se trouver dans la « méditation de pleine conscience ». Toutes ces techniques de « développement personnel » prospèrent dans le monde de l’entreprise, promues par des « experts » généralement auto-proclamés, et fort détendus sauf concernant leur business pour lequel ils ne plaisantent pas du tout. Articles, livres, conférences, stages, coaching en entreprise pour salariés stressés… la souffrance au travail est en effet devenue un marché juteux, dont l’essor satisfait de plus en plus d’employeurs qui préfèrent que leurs salariés rigolent et méditent plutôt qu’ils combattent pour améliorer leurs conditions de travail et leur salaire. Comme l’avoue avec une certaine candeur Corinne Cosseron, directrice de l’École internationale du rire et importatrice du concept de rigologie en France, « le rire répare point par point tout ce que les effets du stress détruisent. Non seulement le salarié va aller mieux (il ne va pas se suicider, il n’ira pas voir chez le concurrent), mais, en plus, l’entreprise va gagner en productivité. Donc c’est du gagnant-gagnant. »
Ce ne serait aussi affligeant, on en rigolerait !
(voir les articles du Monde diplomatique de juillet 2019 « rigolez vous êtes exploité » et du Canard enchaîné du 24 juillet « le business de la méditation gagne le ministère de la Santé »).
Canicule : que faire ?
Le code du travail ne prévoit pas de niveau de température au-delà de laquelle le plan canicule doit être déclenché ou le travail cesser. Néanmoins à partir de 30° dans les bureaux ou 28° sur les chantiers il y a risque. Et danger dès 33°. Les salariés ont alors un droit de retrait. Le code du travail prévoit que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs par la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés. » (article L4121-1 du code du travail).
Ces mesures et moyens sont :
– la ventilation et aération des locaux de façon à maintenir un état de pureté de l’atmosphère et d’éviter les élévations exagérées de température, les odeurs désagréables et les condensations (article R4222-1 à R4222-3 du code du travail),
– la mise à disposition d’eau fraîche potable et notamment de bouteilles d’eau gratuites et même des boissons non alcoolisées fraîches (articles R2225-2 à R2225-4 du code du travail).
A ces deux mesures obligatoires peuvent s’ajouter (sans obligation mais recommandé par l’INRS (institut national de recherche et de sécurité) le décalage ponctuel des horaires (arriver et repartir plus tôt), la limitation des cadences avec des plages de repos plus fréquentes etc.
Il est possible d’obtenir de limiter ou d’aménager les déplacements, notamment en utilisant les possibilités mises en place par l’entreprise : télétravail, adaptation horaires…
Que ce soit pour la pollution ou pour ménager votre santé, n’hésitez pas à utiliser votre droit au télétravail occasionnel (demande à faire via intranoo).
Et en cas de difficultés n’hésitez pas à saisir les militants FOCom.