Seniors

Tous ensemble défendons nos retraites

reforme_retraitesUn comparatif édifiant sur les conséquences de la « réforme Macron » si elle s’appliquait…

Pour défendre nos retraites, qu’on soit fonctionnaire ou contractuel, jeune ou senior, nous manifesterons à Paris samedi 21 septembre de Duroc à Denfert Rochereau. La manifestation s’achèvera par une intervention du Secrétaire Général de FO Yves Veyrier.

Retraites : des écarts inadmissibles (presque du simple au double) entre les hommes et les femmes

Selon la dernière enquête du service de statistiques du ministère de la Santé (Drees) publiée le 16 juillet, les trois quarts des retraités résidant en France devaient se contenter fin 2016 d’une pension totale inférieure à 2.000€ par mois, les femmes touchant en moyenne 1.099€ bruts contre 1.908€ pour les hommes.
Parmi les facteurs évoqués pour expliquer de telles disparités figure la durée des carrières. Ainsi, les femmes retraitées valident en moyenne 35 années contre 40,5 pour les hommes. La durée moyenne est de 37,6 et la durée médiane est de 41 années. Au total, seule la moitié des femmes bénéficient d’une carrière complète contre 80% des hommes.
L’autre raison est que les salaires féminins restent bien en deçà de ceux des hommes. Les postes de cadre sont moins occupés par des femmes et elles travaillent plus souvent dans des secteurs comme le commerce de détail ou les services, où les salaires demeurent relativement bas. Donc, même si les femmes avaient eu une carrière complète, l’écart avec les hommes serait tout de même de 29%, contre 42% actuellement.
Les reversions de pensions réduisent les disparités
La réversion des pensions de retraites aux femmes veuves a tendance à réduire les disparités, celles-ci étant surreprésentées dans la population veuve en raison notamment d’une plus grande espérance de vie. Les conditions de ressources nécessaires pour toucher cette réversion excluent plus souvent les hommes que les femmes. D’après les calculs de l’organisme de statistiques, l’écart entre les pensions versées par les hommes et celles des femmes seraient de 29% en prenant en compte ce paramètre.

Ces données justifient notre attachement au système actuel de réversion des pensions qui corrige partiellement les inégalités… Sans toutefois régler le problème de fond dont nous attendons qu’il soit enfin traité – ce que ne prévoit pas la « réforme des retraites » préparée par le gouvernement.

Retraites : FO ne va pas « négocier les réglages » du futur système

Le rapport rendu le 25 juillet par le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye préconise un « système universel » par points à la place des 42 régimes actuels. Il propose un « âge d’équilibre à 64 ans » pour la génération née en 1963, assorti de malus pour ceux qui choisiront de partir avant et de bonus au delà de cet âge pivot. Le prochain rendez-vous sera maintenant les 5 et 6 septembre. Les partenaires sociaux seront reçus par Edouard Philippe pour « construire la méthode et le calendrier de concertation » de la réforme des retraites.
Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, a exclu de revenir « négocier les réglages d’un système qui supprime les régimes existants », appelant à manifester le 21 septembre et, « s’il le faut », à « cesser le travail ».
« Le 21 septembre c’est une première étape, c’est un prologue – puisqu’on est au moment du Tour de France – parce qu’on sait qu’il faudra réussir à convaincre le plus grand nombre de salariés possibles si on veut bloquer ce projet de réforme. » Il a dénoncé à la fois l’âge de taux plein de 64 ans, en deçà duquel les salariés se verront appliquer un malus, et la suppression programmée des régimes spéciaux. « Les 62 ans (âge légal actuel) deviennent complètement virtuels puisque le rapport prévoit l’instauration d’un malus. Vous serez pénalisés de 10% de votre droit à pension si vous partez à 62 ans », a-t-il relevé. « On essaie de faire porter la responsabilité au système de retraite des défaillances des politiques économiques qui ne garantissent pas un emploi à taux plein permanent dès l’entrée dans la vie active jusqu’au moment de la retraite », a-t-il ajouté. Interrogé sur la possibilité de négocier certains aspects du rapport, il ne voit « pas pourquoi on remettrait le couvert aujourd’hui, on est en désaccord profond depuis le début avec le système universel lui-même. Je ne vais pas aller négocier les réglages d’un système qui supprime les régimes existants, je ne vais pas aller cautionner une mécanique qui demain donnera aux gouvernements futurs tous les pouvoirs ».

Rapport Delevoye sur les retraites : la grande décote

Le Haut-commissaire à la réforme des retraites a présenté le 18 juillet son rapport d’étape qui préconise le « prolongement de l’activité » par système de décote et l’instauration d’un système universel par points dont le principe même est rejeté par FO.

Libre à vous de clore votre carrière à 62 ans, mais ce sera, pour la plupart, à vos dépens, c’est-à-dire avec une retraite amputée par un malus suffisamment incitatif. Une éventuelle pension de réversion (réservée aux couples mariés), que l’on savait dans le collimateur, ne présentera même plus un espoir conséquent, avec la fusion des différents régimes que l’on n’imagine pas tirant les montants vers le haut. Ce sont quelques-unes des recommandations du rapport d’étape présenté par le Haut-commissaire à la réforme des retraites aux interlocuteurs sociaux, syndicats et organisations patronales, le 18 juillet 2019.

L’âge rabot
62 ans devient ainsi un âge rabot et 64 un « âge pivot », ou, toujours selon la nouvelle terminologie, un « âge d’équilibre », sous-entendant qu’il sert à équilibrer les comptes mais sans guère tenir compte de l’équilibre physique de bien des salariés à cet âge.
En effet, comme l’a rappelé le secrétaire général de FO Yves Veyrier l’espérance de vie en bonne santé « est aux alentours de 63 ans. Certes, on ne tombe pas gravement malade à 63 ans, mais on rencontre les premiers soucis de santé qui font que selon les cas, selon les professions, selon les métiers, il est très difficile de pouvoir continuer à travailler ».
Précédemment, il avait souligné à propos du malus visant à inciter, si ce n’est obliger, au prolongement de l’activité que, « outre le recul de l’âge pour tous », il « pénaliserait injustement tous ceux qui ne sont déjà plus en activité ».

Exit les meilleures années

Ce rapport est aussi et surtout la recommandation d’un « système universel » et par points, devant remplacer les 42 régimes existants et entrer en vigueur en 2025, faisant ainsi de ceux nés en 1963 les premiers concernés. Yves Veyrier dénonce :
« On nous l’avait présenté comme non destiné à réaliser à nouveau des économies, non destiné à toucher à l’âge de départ et on entend parler d’un âge pivot, d’un système de bonus-malus… En fait le système universel va absorber tous les régimes existants et surtout il va être une sorte de réforme paramétrique permanente entre les mains du gouvernement. Un régime universel par points conduirait incontestablement à dégrader les droits existants. Le niveau de pension serait en baisse pour beaucoup car il serait calculé sur toute la carrière et non plus sur les meilleures années, avec comme conséquence un âge effectif de départ retardé de fait pour celles et ceux ne pouvant bénéficier d’une pension suffisante le moment venu ».
Il a également souligné que de plus « à tout moment demain le gouvernement pourra agir sur la valeur du point à l’achat, comme sur la valeur du point au moment de la conversion en pension et agissant ainsi, il pourra jouer sur le niveau de la pension, et de fait vous inciter à travailler pour acquérir des points supplémentaires parce que votre retraite ne sera pas suffisante ».

21 septembre

De son côté le Medef, sans surprise, a annoncé qu’il « soutiendra les grands principes de cette réforme » tandis que la CFDT s’est félicitée du fait que ce rapport est la preuve que « la mise en place d’un système universel est possible », tout en estimant « totalement stupide de fixer un âge de liquidation de la retraite complète à 64 ans ».
Pour FO, « ce projet fait en réalité porter au système de protection sociale la responsabilité des défaillances des politiques économiques qui ont échoué à réduire le chômage de masse et la précarité et contraignent nombre de salariés à subir des emplois peu ou mal rémunérés, à temps partiel subi. De nombreux salariés ne sont d’ailleurs d’ores et déjà plus en activité au moment de faire valoir leurs droits à la retraite ».
FO a d’ailleurs décidé de multiplier les réunions d’information avec en perspective un rassemblement d’ampleur nationale à Paris le 21 septembre avec l’objectif de convaincre de la nécessité d’une mobilisation de l’ensemble des salariés à la hauteur de l’enjeu, son secrétaire général précisant : « Nous l’avons dit : s’il faut aller à la grève d’ensemble pour préserver la retraite et la protection sociale, FO y est prête et déterminée ».