D’après les cabinets Ernst & Young et Ricol Lasteyrie Corporate Finance, les profits du CAC 40 ont explosé en 2017. En effet, les entreprises cotées à l’indice parisien ont vu leurs bénéfices bondir de 22 % l’an dernier, soit 94 Mds €, retrouvant ainsi le niveau d’avant la crise de 2008. Les dividendes ont eux connu une hausse de 2 %, pour atteindre 47 Mds €. Outre ce niveau de profitabilité exceptionnel, les grands groupes ont également bénéficié d’une reprise d’activité avec une croissance du chiffre d’affaires de 5 %, passant de 1 243 Mds à 1 306 Mds €. Presque tous les voyants sont donc au vert pour les grands groupes, sauf celui de l’investissement qui a connu son niveau le plus bas depuis 2007, à 69 Mds € contre 75 Mds dix ans plus tôt.
Au regard de ces montants vertigineux, l’argument selon lequel l’État ne peut pas mettre à contribution les grandes entreprises pour participer à l’effort fiscal national paraît fallacieux. D’après les derniers comptes de la protection sociale publiés le 21 juin par la DREES, en 2016, la dépense totale de minima sociaux s’établissait à 26,6 Mds €, celle de la prime d’activité à 4,1 Mds, les prestations familiales et les allocations logement versées aux ménages pauvres atteignaient respectivement 6,4 Mds et 10 Mds. Et selon l’Insee, sans prélèvements ni prestations, le taux de pauvreté serait 8,9 points supérieur à son niveau actuel (22,8 % contre 13,9 %). Rien ne peut donc justifier un coup de rabot quand les profits du CAC 40 sont au beau fixe.