Dans le cadre du plan stratégique Engage 2025, les transformations organisationnelles, immobilières et structurelles s’intensifient dans le Groupe Orange.
Cette trajectoire est engagée déjà depuis plusieurs années et s’accompagne de plans successifs d’économies avec une déflation constante des effectifs, puisque l’entreprise a supprimé plus de 40 % d’emplois depuis 2012.
Ainsi, le programme d’économies Scale UP d’1 milliard d’euros à l’horizon 2023 exige une lourde contribution de la part des salariés, ce qui est inacceptable.
Départs non remplacés, embauches insuffisantes, complexification et intensification du travail, optimisation de l’immobilier impactent la charge de travail de manière critique et sont sources de risques psychosociaux qui peuvent aller jusqu’au burn-out.
Stress, un constat alarmant
Le Comité National de Prévention du Stress pilote les enquêtes triennales sur le stress et les conditions de travail mises en œuvre suite à la « crise sociale » résultant du Plan Next et dont l’objectif était le départ de 22 000 salariés. Il s’agit d’un outil de diagnostic et un point d’appui considérable pour obtenir des mesures correctives et de nouvelles avancées afin d’améliorer les conditions de vie et de travail. Les résultats de l’enquête sur la période 2016 – 2019 sont édifiants et confortent nos dénonciations de la dégradation des conditions de travail; conséquence mécanique de la fonte des effectifs. La direction évalue qu’il y aura encore environ 7 480 Équivalent Temps Plein CDI (ETPCDI) en moins d’ici 2023, ce qui génère une forte pression sur les salariés restants et sur les services qui sont en flux tendus. À cela s’ajoutent des objectifs et des efforts d’adaptation toujours plus exigeants. 57 % des salariés d’Orange interrogés considéraient qu’ils n’étaient pas assez nombreux pour le travail à effectuer et 41 % déclaraient une quantité de travail excessive, avec un score catastrophique de 85 % pour les Agences Entreprises. L’activité PRO PME se révélait être également l’activité la plus touchée par la complexité du travail. L’entreprise accélère la transformation de la Relation Client en misant sur le développement du digital et la simplification des outils. Or, la digitalisation des pratiques de travail ne doit pas être synonyme de recul social. Nous militons pour obtenir des moyens afin d’assurer une formation de qualité et un accompagnement solide à la hauteur des ambitions de transformation du Groupe. La montée en compétence doit être accessible à tous afin de fournir aux personnels les outils nécessaires pour s’adapter à un environnement de travail en constante évolution et aux nouvelles exigences des métiers de demain.
Vigilance également sur le développement du télétravail. Même s’il apporte des avantages, notamment en gain de temps de trajet, le télétravail comporte également des risques professionnels, amplifiés par l’éloignement et l’isolement. Appréhender l’évaluation et la régulation de la charge de travail devient plus complexe. Télétravailler signifie qu’on ne quitte jamais vraiment son espace de travail et le risque est grand de connaître des difficultés pour séparer vie professionnelle et vie privée, avec la tendance identifiée à rester connecté en permanence. Une étude de l’institut Sapiens évalue à 22 % les gains de productivité à court terme tout en mettant en exergue les effets négatifs à long terme sur la motivation et le collectif de travail. Avec la généralisation du télétravail, il est essentiel d’identifier les risques et de mettre en œuvre des mesures de prévention spécifiques, et nous y veillons.
Le réseau de distribution Orange en péril
Côté réseau de distribution Orange, le démantèlement se poursuit au profit de la filiale Générale De Téléphone (298 boutiques Agence Distribution en 2021 contre 343 en 2019, 220 boutiques Générale De Téléphone (GDT) en 2021 versus 196 en 2019), ce qui participe à la dégradation des conditions de travail dans les boutiques Orange. L’un des projets phares du programme de la Relation Client Grand Public est la généralisation de l’organisation de RDV. Cette nouvelle organisation ne permet en aucun cas de répondre aux difficultés structurelles en matière de recrutement et alourdit encore la charge de travail des personnels. Nous réaffirmons notre exigence de conserver l’ensemble de nos activités et nous contestons le transfert de nos boutiques à la GDT dont la convention collective, les salaires et parts variables sont moins-disants.
Le domaine intervention touché au cœur
Le domaine de l’intervention est loin d’être épargné. En 2021, l’entreprise devra à la fois délivrer des réseaux de la meilleure qualité possible, et apprendre à travailler en tant que Fournisseur d’Accès Internet (FAI) avec les prestataires sur les territoires où nous n’avons pas de réseau (zone RIP : Réseau d’Initiative Publique porté par les collectivités territoriales). Or, les effectifs du domaine intervention diminuent drastiquement (- 4,8 %) et les recrutements pour la maintenance de la boucle locale cuivre ne suffisent pas à permettre un fonctionnement normal. Nous n’avons de cesse de dénoncer le recours accru à la sous-traitance qui génère une non-qualité récurrente dont le traitement se fait en interne. Il est crucial de conserver les compétences du personnel Orange et de (ré)internaliser les activités stratégiques ou sensibles.
Pour une politique sociale ambitieuse
Face à l’explosion de la charge de travail, FOCom a une nouvelle fois alerté la direction en CPRPPST (Commission de Prévention des Risques Professionnels et de Promotion de la Santé au Travail). L’entreprise doit prendre conscience que les personnels ne sont pas tous en capacité d’absorber à un rythme effréné plusieurs transformations simultanées (changement de métier, mobilité géographique et/ou fonctionnelle, nouveaux environnements de travail, nouvelles méthodes de travail…).
Nous exigeons de l’entreprise qu’elle recrute massivement et a minima que tous les départs soient remplacés. Des plans d’actions efficaces sont indispensables pour accompagner et former les salariés, réguler la charge de travail, simplifier les procédures, favoriser la coopération et développer l’autonomie. Et parce qu’il ne peut y avoir de performance économique sans performance sociale, Orange doit viser une politique sociale ambitieuse, condition sine qua non pour faire face aux objectifs et aux enjeux stratégiques de demain.