Vie Pro

WHATSAPP, usage désaccordé

L’accord portant sur l’accompagnement de la transformation numérique chez Orange a pour enjeu de garantir la bonne utilisation des outils numériques, tout en préservant le respect de la vie privée et le droit à la déconnexion. Il protège notamment les salariés des pratiques intrusives potentielles provenant de leurs managers, de leurs collègues ou d’eux-mêmes. Les personnels ont d’ailleurs la possibilité d’avoir un bilan quantitatif individualisé ou collectif des usages numériques.
Ce bilan permet à la direction de diagnostiquer les volumes d’e-mails, et d’utilisation de Skype Entreprise ou de Plazza, ainsi que les surconsommations ou une utilisations anormales de ces outils, notamment le soir et les week-ends, afin de lancer des plans de prévention.

Mais ces principes ne valent que si ce diagnostic est mesurable par l’entreprise, ce qui n’est pas le cas de WhatsApp.
Car, contrairement à Skype Entreprise, il n’est pas référencé dans la cartographie du Système d’Information du Groupe Orange.

C’est pourtant avec cet outil que les personnels et leurs managers interagissent de plus en plus, en particulier dans les domaines clients (boutiques, centres d’appels commerciaux et d’assistance technique) et réseau (UI). Bien que la popularité de cette plateforme pour sa simplicité d’usage et son aspect convivial ne soit pas à démentir, se pose toutefois le moyen de contrôle et de sécurité de cet outil par l’entreprise, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
C’est pour cela que FOCom a alerté la direction d’Orange quant à l’utilisation de WhatsApp, lui demandant d’adapter l’outil à l’usage interne et d’édicter des règles claires d’utilisation et de sécurité.

PARNASSE des muses de l’Olympe au mégastore

Parnasse, le service premium d’Orange a désormais pignon sur rue. Depuis l’ouverture du mégastore Opéra en novembre dernier, ses trois mille clients d’exception, professions libérales, dirigeants de PME, peuvent y être reçus dans un salon privé avec majordome qui leur réservera un accueil et une écoute d’exception.
Afin de dispenser un service premium à une clientèle exigeante, Orange s’est dotée de la « Haute École »1, dont le défi est que les salariés qui ne viennent pas du monde du luxe s’approprient les codes de cet univers.
Aucune méthode n’est écartée pour parfaire le savoir être du salarié auprès de son client VIP : module sur la bonne manière de dire bonjour, quizz d’orthographe en ligne, exercices pratiques sur le terrain mais aussi l’inattendu atelier théâtre, singulier au sein de l’offre de formation multimodes.
Ce ne sont pas moins de 45 heures de formation qui sont dispensées chaque année aux 130 salariés de Parnasse, soit 36% de plus que la moyenne des salariés d’Orange.
Pour ses services premium, l’entreprise privilégie l’humain par rapport au digital ce dont FOCom ne peut que se féliciter. Et c’est ce que nous revendiquons pour tous les salariés.
Cette école se veut référente, elle ouvre également ses portes à des salariés externes à l’entreprise, comme les chefs de Villages du « Club Med ». Après la banque en ligne, le luxe et les services d’exception constitueront-ils le prochain levier de diversification des activités du groupe ?

11Lancée en 2016, la Haute École du Service est une école de formation dédiée à la relation client, entité de Parnasse, la marque sélective du groupe Orange./em>

Un accord pour la reconnaissance

Depuis plusieurs années, FOCom demandait l’ouverture d’une négociation pour qu’enfin les personnels, qui ont dû s’adapter aux mutations technologiques et aux réorganisations, faire face aux exigences du marché et de la concurrence et devenir polyvalents et polycompétents, soient enfin reconnus. Ce manque de reconnaissance demeure en effet un point noir à Orange qui ressort aussi bien des baromètres sociaux que des enquêtes triennales sur le stress.
Le 20 février, FOCom a signé l’accord sur la reconnaissance des qualifications et des compétences. Il comporte des avancées notables pour les personnels d’Orange. Tout d’abord, il donne un cadre et de la transparence sur le mécanisme de reconnaissance, visible par et pour tous. Il permet aussi de sécuriser pour les trois prochaines années un budget portant sur la promotion et la reconnaissance des compétences et des qualifications. Il pérennise le principe de la promotion aussi bien pour les contractuels que pour les fonctionnaires, notamment sous la forme de Promotion Aptitude Potentiel. Il reconnaît le personnel s’engageant dans une démarche de développement des compétences lors d’une VAE proposée par l’entreprise. Cet accord engage l’entreprise Orange à faire bénéficier les personnels de formations nécessaires pour les maintenir dans leur emploi au regard des évolutions de leurs métiers. Une commission technique de l’évolution des métiers sera mise en place afin de mesurer leur évolution et leur positionnement. Enfin, cet accord garantit la résolution des situations des personnels en classification B et I.3 d’une part et DA et III.1 de l’autre, ainsi que des personnels en situation de sous positionnement par rapport au niveau d’emploi occupé.
Alors que l’entreprise exige toujours plus de ses personnels pour faire face à la concurrence, aux évolutions techniques et aux attentes des clients, alors qu’elle leur demande toujours plus de polyvalence et de polycompétence, la reconnaissance du travail des personnels est essentielle.
À travers cet accord, il s’agit bien d’accompagner les salariés dans l’évolution des métiers, des technologies et de l’organisation du travail. FOCom saura rester très vigilante quant à sa pleine application.
Par ailleurs, cet accord ne dédouane pas l’entreprise de ses responsabilités quant aux augmentations salariales attendues par tout le personnel. FOCom souhaite que la négociation salariale 2017 qui s’engage soit aussi porteuse d’une avancée forte sur les salaires.

« Sécuriser » LA SOLIDARITÉ

Les Organisations syndicales ont négocié avec la Direction de l’entreprise deux avenants aux accords de gestion du budget social qui avaient été signés par toutes les organisations syndicales en 2004 et 2005. Ces avenants réaffirment une clause qui fonde la justice et la solidarité à Orange : à savoir la répartition du budget social1 dans les Comités d’Établissement au prorata des effectifs. Une répartition dans les CE en fonction de la masse salariale, telle que la veut la seule CGC, aurait pour conséquence que les CE où exercent majoritairement ceux qui ont les rémunérations plus élevées auraient de meilleures prestations aux dépens des autres. Cette volonté, ajoutée à la prétention de « récupérer » au niveau des CE les budgets gérés centralement, menace tout l’édifice social et, au-delà des activités sociales et culturelles, fragilise le tissu associatif, la restauration collective, les aides pécuniaires.
A FOCom, nous sommes très attachés à la préservation des associations historiques héritées des PTT. Parce que la maladie n’arrive pas qu’aux autres (APCLD : 684 k€ versés par Orange). Parce que l’on est heureux de pouvoir donner son sang quand survient une catastrophe ou un attentat (Don du Sang : 525 k€). Parce que le secourisme peut sauver des vies (UNASS : 830 k€). Parce que l’on est fier d’apporter aide et soutien aux parents d’enfant handicapé (AFEH : 839 k€), à des handicapés ou à des autistes au travers d’ateliers protégés ou de maisons spécialisées (AGEF de Nuits Saint Georges et de Brive : 500 k€) ou à des orphelins (Foyer de Cachan : 469 k€). Parce que l’alcoolisme est un fléau (Amitié : 465 k€). Parce que le logement est un casse-tête en particulier pour les jeunes… Par clientélisme, certains (les divisions SCE et OFS où la CGC est largement représentée) veulent récupérer, dans leur CE, l’argent confié en délégation de gestion à la Direction d’Orange pour faire vivre les 13 associations concernées. Si tous les CE exigeaient de récupérer l’argent destiné aux associations, ce serait la mort d’un tissu associatif dont l’utilité n’est pas à démontrer. Les subventions versées annuellement représentent moins de 30 € par salarié et par an. Est-ce trop consacrer à la solidarité ?
La restauration collective est, elle aussi, menacée dans les CE où la CGC exige de récupérer le budget délégué à l’entreprise qui assure ce service essentiel à la vie quotidienne de dizaines de milliers de salariés. Si la CGC veut le budget, elle n’est guère intéressée par la gestion et se contenterait bien de ne distribuer que des chèques-déjeuner, ce qui revient à tuer la restauration collective. On remarquera que celle-ci apporte convivialité et qualité, et que les chèques-déjeuner ne servent pas à grand-chose lorsqu’il n’y a pas de restaurants près du lieu de travail. Comme c’est le cas à Stadium (près du Stade de France où travaillent plus de 1 500 salariés), ce qui a amené la Direction d’Orange à remédier à l’incurie du CE de SCE qui a ainsi le beurre (le budget) et l’argent du beurre (ni la gestion du restaurant ni la responsabilité qui va avec) ! Mais cette situation ne pourra pas durer. D’ailleurs, à Orange France Siège où les élus CGC du CE ont eux aussi voté la reprise du budget restauration, la Direction a prévenu qu’elle ne ferait pas le travail à leur place.
Les élus CGC du CE d’OFS ont également voté, avec l’élu SUD, la récupération du budget des aides pécuniaires. Les aides pécuniaires ont toujours été gérées via un budget centralisé par des professionnels (assistantes sociales) condition d’un traitement déontologique et juste. Si le CE dirigé par la CGC récupère ce budget, sur quels critères seront accordées les aides ? Et puisque OFS fait partie des CE « riches », ses salariés recevront plus d’aides ! Une totale absurdité et une injustice flagrante. Pour FOCom, les aides pécuniaires doivent rester à la main des assistantes sociales d’Orange et le budget doit être géré centralement. Pour des raisons d’impartialité, de justice et de solidarité.
Pour sauver l’édifice social à Orange, pour assurer l’égalité et éviter les dérives clientélistes, FOCom prend ses responsabilités et a signé les avenants aux accords de 2004-2005 qui sécurisent une répartition juste et solidaire. FOCom défend ainsi les intérêts de tous les salariés.

1À Orange, le budget social global s’élève à 4,51 % de la masse salariale : 2,26 % sont affectés à la restauration et 2,25 % aux Activité Sociales et Culturelles. Contrairement à ce que prétend la CGC, sa guérilla contre la Direction et l’édifice social actuel n’aboutit pas à ce que les salariés aient plus d’ASC. Si les CE où ils sont majoritaires ont plus de budget, c’est aux dépens des autres. Avec la répartition en fonction de la masse salariale, des divisions ont jusqu’à 42 % de plus quand des DO ont 18 % en moins.

Dossier Bouygues Télécom / Orange : Retour sur une consolidation manquée

operateurÀ Noël 2015, des experts et autres journalistes économiques, puis quelques jours plus tard les réseaux sociaux, nous annonçaient comme conclu le mariage entre Bouygues Télécom et Orange. 100 jours plus tard, ce qui était écrit a fait pschit ! Retour sur la question de la consolidation dans le secteur des Telco en France.
À Noël 2015, des experts et autres journalistes économiques, puis quelques jours plus tard les réseaux sociaux, nous annonçaient comme conclu le mariage entre Bouygues Télécom et Orange. 100 jours plus tard, ce qui était écrit a fait pschit ! Retour sur la question de la consolidation dans le secteur des Telco en France.
Depuis 25 ans, juste après la Grande-Bretagne, la France a été la bonne élève de l’Europe dans la mise en œuvre des consignes de « libéralisation » et donc du démantèlement du monopole et du savoir-faire de l’opérateur historique. Se sont succédé des décisions :

  • qui ont multiplié les nouveaux entrants, y compris de nouveaux acteurs publics avec les Réseaux d’Initiative Publique (RIP) des collectivités locales ;
  • qui ont institué un système de racket dans l’attribution des licences, des fréquences, dans les taxations spécifiques et autres amendes ;
  • qui ont créé des « autorités » de régulation castratrices pour le développement de l’opérateur historique en l’empêchant de faire ce pour quoi il a été créé, à savoir assurer partout et pour tous, à un prix équitable, un égal accès aux technologies de l’information et de la communication, performantes et évolutives.

Résultats de ces errements, un énorme gâchis préjudiciable au service public dans les territoires avec la persistance de zones d’ombre voire blanches dans le très haut débit fixe (Adsl, fibre optique) et mobile (4G) et un certain retard dans le rattrapage ; préjudiciables à l’emploi avec la perte de dizaines de milliers d’emplois chez les opérateurs, les sous-traitants, les équipementiers français. Préjudiciables enfin à l’économie en général avec la perte de milliards d’euros de valeur et même de TVA pour l’État. Au final, le consommateur-citoyen n’y aura pas tant gagné que cela.
Avec le projet de rapprochement Bouygues Télécom/Orange, on a failli remettre un peu de cohérence et d’intelligence dans cet univers éclaté et hyperconcurrentiel grâce à une stratégie, celle de la consolidation. C’était sans compter sur les arrière-pensées et autres chausse-trappes de certains opérateurs, acteurs et régulateurs du secteur, qui ont conduit à l’échec, après 3 mois de négociations multilatérales et des millions d’euros dépensés en vain dans les études.
Pour autant, les enjeux pour nos sociétés restent à éclairer…

  • l’avènement partout et pour tous d’un égal accès aux réseaux haut débit, l’accès à des contenus et services à valeur supportés par ces réseaux, l’acquisition d’équipements et de terminaux d’accès, aux réseaux comme aux contenus ;
  • le maintien et le développement d’une filière industrielle portée par Orange, créatrice d’innovation, de valeur et d’emplois qualifiés ;
  • l’exportation de nos savoir-faire à l’international et dans notre zone d’influence et de partenariat historique, en Afrique notamment ;
  • une régulation nationale et européenne qui s’avère protectrice de nos actifs tant humains qu’économiques, face aux GAFA devenus des géants (Google, Apple, Facebook, Amazon, et autres Skype, Viber, WhatsApp…) et face aux autres acteurs de la mondialisation débridée.

Tous ces enjeux ne seront rapidement et qualitativement atteints que si les opérateurs, et Orange en particulier, retrouvent les moyens substantiels pour investir dans les infrastructures, dans l’innovation et la recherche, dans le recrutement de personnels qualifiés, voire dans l’acquisition d’autres entreprises.
C’est la revendication que nous avons formulée auprès de Bercy il y a peu et qui attend toujours une réponse de son locataire actuel…