La réforme du compte pénibilité a été annoncée, ce 8 juillet, par le chef du gouvernement, qui a précisé qu’elle était prévue pour entrer en vigueur en 2018. Il veut ainsi supprimer certains critères de pénibilité : la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les risques chimiques.
Dans un article paru sur Libération.fr du 11 juillet intitulé « Pénibilité » le mot de trop pour l’Elysée, Grégoire Biseau rappelait que « pendant la campagne présidentielle, devant les représentants de la CPME, Emmanuel Macron avait déclaré : « Je n’aime pas le terme de pénibilité donc je le supprimerai. Car il induit que le travail est une douleur.» » Or ce n’est pas en niant la pénibilité de certains travaux qu’on effacera sa réalité. Il notait ainsi que « des dizaines de milliers de Français souffrent au travail. Et ils sont même en forte progression : le volume de maladies professionnelles a augmenté de 4 % en moyenne par an entre 2005 et 2012, principalement à cause de la croissance régulière des troubles musculosquelettiques, due à l’intensification du travail répétitif […] Une souffrance qui cache une profonde inégalité entre les Français. Selon une étude de décembre 2016 de la Dares, la quasi-totalité des salariés du régime général victimes de maladie professionnelle sont des ouvriers (73 %) ou des employés (23 %). L’espérance de vie d’un ouvrier est toujours de six ans inférieure à celle d’un cadre. » Et le journaliste concluait très justement : « Alors avant de vouloir changer la réalité, l’homme politique a au moins la responsabilité de nommer correctement les choses. Le mot «pénible» avait cet immense mérite : celui de rendre hommage à cette France qui se lève, souvent très tôt le matin, la boule au ventre, le dos en vrac ou les articulations douloureuses. »