À Noël 2015, des experts et autres journalistes économiques, puis quelques jours plus tard les réseaux sociaux, nous annonçaient comme conclu le mariage entre Bouygues Télécom et Orange. 100 jours plus tard, ce qui était écrit a fait pschit ! Retour sur la question de la consolidation dans le secteur des Telco en France.
À Noël 2015, des experts et autres journalistes économiques, puis quelques jours plus tard les réseaux sociaux, nous annonçaient comme conclu le mariage entre Bouygues Télécom et Orange. 100 jours plus tard, ce qui était écrit a fait pschit ! Retour sur la question de la consolidation dans le secteur des Telco en France.
Depuis 25 ans, juste après la Grande-Bretagne, la France a été la bonne élève de l’Europe dans la mise en œuvre des consignes de « libéralisation » et donc du démantèlement du monopole et du savoir-faire de l’opérateur historique. Se sont succédé des décisions :
- qui ont multiplié les nouveaux entrants, y compris de nouveaux acteurs publics avec les Réseaux d’Initiative Publique (RIP) des collectivités locales ;
- qui ont institué un système de racket dans l’attribution des licences, des fréquences, dans les taxations spécifiques et autres amendes ;
- qui ont créé des « autorités » de régulation castratrices pour le développement de l’opérateur historique en l’empêchant de faire ce pour quoi il a été créé, à savoir assurer partout et pour tous, à un prix équitable, un égal accès aux technologies de l’information et de la communication, performantes et évolutives.
Résultats de ces errements, un énorme gâchis préjudiciable au service public dans les territoires avec la persistance de zones d’ombre voire blanches dans le très haut débit fixe (Adsl, fibre optique) et mobile (4G) et un certain retard dans le rattrapage ; préjudiciables à l’emploi avec la perte de dizaines de milliers d’emplois chez les opérateurs, les sous-traitants, les équipementiers français. Préjudiciables enfin à l’économie en général avec la perte de milliards d’euros de valeur et même de TVA pour l’État. Au final, le consommateur-citoyen n’y aura pas tant gagné que cela.
Avec le projet de rapprochement Bouygues Télécom/Orange, on a failli remettre un peu de cohérence et d’intelligence dans cet univers éclaté et hyperconcurrentiel grâce à une stratégie, celle de la consolidation. C’était sans compter sur les arrière-pensées et autres chausse-trappes de certains opérateurs, acteurs et régulateurs du secteur, qui ont conduit à l’échec, après 3 mois de négociations multilatérales et des millions d’euros dépensés en vain dans les études.
Pour autant, les enjeux pour nos sociétés restent à éclairer…
- l’avènement partout et pour tous d’un égal accès aux réseaux haut débit, l’accès à des contenus et services à valeur supportés par ces réseaux, l’acquisition d’équipements et de terminaux d’accès, aux réseaux comme aux contenus ;
- le maintien et le développement d’une filière industrielle portée par Orange, créatrice d’innovation, de valeur et d’emplois qualifiés ;
- l’exportation de nos savoir-faire à l’international et dans notre zone d’influence et de partenariat historique, en Afrique notamment ;
- une régulation nationale et européenne qui s’avère protectrice de nos actifs tant humains qu’économiques, face aux GAFA devenus des géants (Google, Apple, Facebook, Amazon, et autres Skype, Viber, WhatsApp…) et face aux autres acteurs de la mondialisation débridée.
Tous ces enjeux ne seront rapidement et qualitativement atteints que si les opérateurs, et Orange en particulier, retrouvent les moyens substantiels pour investir dans les infrastructures, dans l’innovation et la recherche, dans le recrutement de personnels qualifiés, voire dans l’acquisition d’autres entreprises.
C’est la revendication que nous avons formulée auprès de Bercy il y a peu et qui attend toujours une réponse de son locataire actuel…