Lors de la séance de mars du CCUES, nous avons interrogé M. Ramon Fernandez, directeur financier d’Orange sur la hausse du dividende à 0,70€ par action. Soit plus que le résultat net de l’entreprise qui s’élève à 2,158 Mds. Il a répondu que la capacité de distribution était assise sur le capital social d’Orange, soit un montant de 8,6 Mds. Donc qu’on pourrait distribuer beaucoup plus ! S’agissant de l’argument peu contestable, avancé par FOCom, concernant le fait que cette redistribution obère notre capacité à investir, M. Fernandez a répondu que nous étions l’opérateur qui investit le plus en Europe…
De là à justifier une nouvelle augmentation du dividende pour attirer les investisseurs sur un marché très tendu, quitte à diminuer les investissements, il n’y a qu’un pas. C’est le scenario qui se dessine d’après le cabinet APEX. Selon les prévisions des analystes, ce qui se prépare pour 2018-2022 c’est une forte croissance du taux d’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) et un taux élevé de transformation de l’EBITDA en dividende. Celui-ci passant de 0,70€ en 2018 à 0,877€ en 2022. Pour une base 100 en 2018, le Chiffre d’Affaires passerait à 103 en 2022, l’Ebitda à 110 et le dividende à 125. Cela implique, pour dynamiser l’EBITDA, une nouvelle saignée dans les charges de personnel et une pression accrue sur la productivité. Sont cités : approches par brique réutilisables, modification des processus, sous-traitance, digitalisation (tout particulièrement des actes de ventes) qui impacte très directement les effectifs et l’empreinte territoriale du groupe…
Si cette stratégie était mise en œuvre (et les propos du directeur financier ne sont pas rassurants), ce serait une capitulation devant les diktats des requins de la finance qui veulent dégager des marges aux dépens des investissements, quitte à menacer à terme l’entreprise. Et exercer une nouvelle pression sur les coûts aggravant encore les conditions de travail. Doublement inacceptable !