Deux séries d’enquêtes mettent en évidence la très médiocre qualité des conditions de travail françaises, en voie de dégradation depuis 2005 et nettement moins bonnes que dans beaucoup d’autres pays européens. Une enquête européenne pointe la faible qualité du management français, d’ailleurs confirmée par de nombreuses enquêtes de terrain qui soulignent les graves défauts d’un management trop souvent incapable de connaître les contraintes réelles du travail concret et dès lors de fixer correctement les objectifs et de reconnaître comme il convient les salariés et leurs efforts. Une enquête française de 2016 (« Quelles sont les évolutions récentes des conditions de travail et des risques psychosociaux ? », Analyses n° 82, Dares, décembre 2017) confirme le haut niveau des contraintes auxquelles sont soumis les salariés, l’augmentation du travail dans l’urgence et le recul de l’autonomie au travail. Ces enquêtes montrent une très faible probabilité pour les salariés français (et une très forte probabilité pour les salariés danois, finlandais, suédois) de travailler dans des organisations permettant une forte participation. Cherchant à mettre en évidence les facteurs susceptibles d’expliquer la présence de telles organisations – associées à un plus grand bien-être et une plus grande satisfaction au travail, à un moindre absentéisme –, les auteurs trouvent une corrélation avec un unique facteur : la force des syndicats. Ils préconisent, pour éviter que ne se reproduisent des drames comme ceux de France Telecom, d’accorder une attention déterminante aux organisations du travail, de rendre obligatoire la consultation des salariés et de leurs associations aux décisions, d’accroître le nombre d’administrateurs représentant les salariés aux conseils d’administration, de faire respecter l’idée que l’entreprise n’est pas formée uniquement en vue de l’intérêt des associés. Ce que ne font aucune des réformes en cours qui visent l’inverse. Notamment à affaiblir les syndicats et à supprimer les instances représentatives du personnel.