Secteur Télécoms

Questions autour d’une absorption

L’absorption de l’équipementier français Alcatel par le finlandais Nokia qui détiendra 66,5% du capital de la nouvelle entité est présentée comme une solution pour tenir tête aux chinois et autres puissants concurrents. Cependant… Concernant l’emploi l’expérience montre que ce type d’opérations déséquilibrées se traduit rarement en faveur du territoire de la société dominée. Ce qui conduit d’ailleurs Emmanuel Macron à se déclarer “extrêmement vigilant quant à la préservation de l’emploi sur l’ensemble des sites productifs français.”
Concernant l’innovation, Orange est intéressée au premier chef tant les synergies avec son principal équipementier sont évidentes en termes de R&D dans les technologies de nouvelle génération et les services pour un monde connecté. Reste à savoir si un siège basé en Finlande et la promesse du maintien de centres R&D en France donnera les mêmes facultés.

Google enfin épinglée par l’Europe

L’Europe vient de lancer une procédure contre Google pour abus de position dominante dans la recherche sur l’internet avec à la clé une amende possible de 6 milliards de dollars. La Commission reproche principalement au géant américain d’internet de mettre en avant sur ses pages ses propres services spécialisés, au détriment des moteurs de recherche concurrents. La Commission européenne a par ailleurs ouvert une enquête contre le géant américain pour déterminer s’il n’enfreint pas les règles européennes de concurrence avec son système d’exploitation pour téléphone portable Android.
FOCom demandait depuis longtemps des mesures contre les OTT qui se comportent, jusqu’alors en tout impunité.

Volet télécoms de la loi Macron : un motif supplémentaire de faire grève le 9 avril

Parmi les 295 articles de la loi Macron, les 32 et 33 concernent les télécoms. Outre la réaffirmation appuyée de la politique concurrentielle dont on connaît les dégâts, une adaptation du code des postes et des communications et l’autorisation donnée au gouvernement de procéder par ordonnances sur un certain nombre de sujets, ils donnent un pouvoir accru à l’ARCEP, le gardien de la bonne application du dogme européen de la concurrence en France. Le gendarme des télécoms aura un pouvoir renforcé. Il pourra par exemple modifier les contrats de partage de réseaux mobile comme l’accord d’itinérance Free/Orange ou de mutualisation des réseaux SFR/BT. De plus, cette loi peut être aggravée lors de son passage au Sénat du 7 au 22 avril. Certains lobbies veulent en profiter pour imposer une coupure du réseau cuivre d’Orange plus brutale que celle prévue par la mission Champsaur.

Facebook nouveau maître des infos

Devenu une source dominante d’information en ligne avec son milliard d’utilisateurs dans le monde, le réseau social vise maintenant à héberger sur sa propre plate-forme et à distribuer directement les contenus des sites d’information comme New York Times, BuzzFeed ou National Geographic… Les internautes n’auraient ainsi plus à cliquer sur les liens des médias et à télécharger leurs pages polluées de publicités invasives, ce qui prend du temps pour un résultat parfois décevant. Mais derrière ces “facilités” apportées, c’est un monde inquiétant qui se profile. Après l’intrusion de Google dans nos foyers grâce aux box de Bouygues et de Free, Facebook va décider de la pertinence des informations à nous délivrer. Le 1984 de Georges Orwell va finir par sembler anodin.

La finance hostile à l’investissement

A l’annonce du nouveau plan stratégique 2020, l’action Orange a brutalement chuté et les courtiers ont recommandé de vendre, estimant que “certains des objectifs communiqués par le groupe apparaissent un peu ‘vagues’”. Etrange réaction qui consiste à sanctionner une entreprise qui annonce qu’elle triple ses investissements sur la fibre optique d’ici à 2020 et que le montant global de ses investissements 2015-2018 s’élèvera à 15 Mds €. On voit bien que la vision court termiste des marchés financiers s’oppose à la nécessité de développer l’investissement. Manifestement il ne suffit pas de leur promettre un dividende substantiel et stable pour les convaincre de financer l’activité économique.