Un accord vient d’être signé par les 4 opérateurs en présence d’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique et d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique. Il prévoit que l’ensemble des centres-bourgs administratifs et historiques des communes soient couverts en 2G d’ici la fin 2016, et en 3G d’ici mi-2017. Un guichet sera ouvert par les pouvoirs publics à partir de 2016 pour permettre la couverture de 800 zones d’intérêt spécifique aujourd’hui non couvertes, réparties équitablement entre les opérateurs, avec la mise à disposition de points hauts et la prise en charge de prestations de raccordement par les collectivités locales.
Pour FOCom il serait temps si l’on veut qu’enfin l’égalité numérique ne continue pas à être immolée sur l’autel de la concurrence ! D’autant que la loi Macron prévoit la suppression de la composante publiphonie du périmètre du service universel des services de télécommunications.
Drahi : la course à l’échalote
Altice, maison-mère de Numericable-SFR et propriété du magnat des télécoms et médias français Patrick Drahi, vient d’annoncer l’achat de 70% des parts de Suddenlink Communications, le septième câblo-opérateur américain, valorisé 9,1 milliards $. Dans le même temps, les mouvements de grève se multiplient dans cette entreprise suite à la pression insupportable subie par les salariés en raison de la violente réduction des coûts imposée par la nouvelle direction. Il faut rappeler que le rachat de SFR par Numéricable pour un montant de 17 Milliards € a été réalisé par endettement, moyennant le versement de 600 millions € d’intérêts par an. La folle course d’acquisitions à crédit s’emballe… Sur le dos des salariés !
Fréquences 700 MHz : l’ARCEP ramenée à la raison
Nos lecteurs se souviennent de notre ferme opposition à ce que l’opérateur Free, filiale d’Iliad, se voit réserver un lot de fréquences 700 Mhz destinées à la téléphonie de 4ème génération au prétexte qu’elle dispose de beaucoup moins de fréquences que ses concurrents.
L’Arcep, le régulateur français des télécoms, jugerait, selon le quotidien Les Échos, risqué sur le plan juridique une telle décision. La balle serait maintenant dans le camp du gouvernement.
La colère montre chez SFR Numericable
“Depuis le rachat de SFR par Numericable, tout se tend. Tout est verrouillé, cela devient invivable” dénonce FO qui a lancé une première mobilisation à Champs-sur-Marne, siège social historique de Numericable où les salariés traitent les questions des clients qui ne peuvent pas être traités par les centres d’appels «off shore» de l’entreprise. La direction veut changer l’organisation, supprimer le travail des dimanches et jours fériés ce qui entraînerait la perte de 300 euros par mois en moyenne de prime soit une perte de rémunération qui peut aller jusqu’à 15% (cf. Le Figaro du 11 mai). Et le Canard enchaîné révèle dans le même temps que Patrick Drahi projette de délocaliser ses centres d’appel de la Réunion vers Madagascar, où les salaires sont nettement inférieurs (un employé malgache est payé 200€ par mois). Faute d’abandonner leur logique libérale suicidaire, les autorités européennes, et leurs relais nationaux, ne devraient-elles pas inclure le dumping social dans leur évaluation des règles de la concurrence ” pure et parfaite” ? Car il y a bien là grande distorsion de la concurrence : comment jouer “loyalement” avec des entreprises qui cassent les prix grâce aux délocalisations et à la surexploitation de leur main d’œuvre.
L’ARCEP persiste
A l’occasion de la publication de son observatoire trimestriel, le nouveau président de l’ARCEP, Sébastien Soriano, a exprimé, sur BFM Business, ce 7 mai, “un peu d’inquiétude” à propos de la vente aux opérateurs des fréquences 700 MHz aujourd’hui occupées par les chaînes de la TNT. La loi qui doit formaliser la migration des chaînes de la TNT n’est en effet toujours pas votée. Or les 2 Mds € que cette opération doit rapporter à l’Etat sont déjà inscrits dans les recettes du budget 2015. Nous avons déjà eu l’occasion de contester la précipitation néfaste de cette mise aux enchères (inFOactus 52 du 23 février). Et nous dénonçons de plus un traitement inégalitaire des opérateurs alors que Sébastien Soriano a confirmé qu’il n’excluait pas de réserver un lot à Free lors du futur appel d’offres, au prétexte que c’est “un opérateur qui a moins de fréquences que les autres” !
À propos des données publiées par l’observatoire des services mobiles il est à noter une baisse du nombre de cartes SIM (hors MtoM) de 360 000 pendant le 1er trimestre 2015 par rapport au trimestre précédent ce qui est une première depuis que le marché est observé. Le taux de pénétration qui était monté à plus de 108,4% fin 2014 baisse d’un point, ce qui montre que le suréquipement artificiel consécutif à l’arrivée de Free sur le marché tend à s’essouffler. Et la hausse du nombre de cartes SIM ne pourra plus servir à masquer les dégâts causés par l’introduction du passager clandestin du marché.