Après Google qui aurait conclu des accords avec des opérateurs américains, en l’occurrence Sprint et T-mobile, en vue de proposer à ses clients des offres de téléphonie mobile, Apple voudrait à son tour devenir opérateur virtuel.
Qu’est-ce qui pousse Apple et Google à acheter aux opérateurs de la capacité de réseau pour devenir MVNO ? Pourquoi se positionner sur un marché déjà très saturé, où les marges sont relativement faibles comparativement à leur propre “cœur de métier” beaucoup plus lucratif ? C’est que les GAFA ont parfaitement compris l’intérêt de se servir de tous les chevaux de Troie possibles pour placer leurs services et renforcer leur position hégémonique mondiale. On aimerait que les décideurs européens et nationaux intègrent cette donnée dans leurs analyses, cessent de maltraiter leurs opérateurs et de favoriser de fait ces prédateurs.
Loi sur le numérique : beaucoup de bruit…
La secrétaire d’Etat au numérique, Axelle Lemaire, a confirmé que l’un des projets de loi sur le numérique, maintes fois repoussé, serait rendu public “début septembre” avant d’être soumis au parlement “à l’automne”.
Distinct d’un deuxième texte à caractère plus économique porté par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, il a pour objet le principe de neutralité du net, la poursuite de mise à disposition du public des données de l’Etat, la maîtrise et la “protection des données personnelles” (alors que Google a refusé en juillet dernier d’appliquer le “droit à l’oubli” imposé par la Cnil) et un “droit au maintien de la connexion à internet” pour “les foyers modestes”. Concernant ce droit à la connexion, le dispositif devrait être financé par “un fonds de solidarité porté par les collectivités locales”. Il fut un temps où l’égalité d’accès des citoyens à un service était assuré sans qu’il soit nécessaire de voter une loi. Cela s’appelait le service public.
Et on ne jugeait pas utile de mettre le texte sur internet afin que “le grand public puisse faire des propositions de modifications”. Nous espérons que cette innovation, dont Madame Lemaire est très fière, ne va pas se généraliser et servir de substitut supplémentaire au dialogue social déjà très malmené par ce gouvernement.
Les résultats édifiants de Bouygues Télécom
Les résultats de Bouygues Telecom qui viennent d’être publiés confirment le caractère désastreux de la politique concurrentielle menée dans le secteur. En effet, paradoxalement, l’opérateur connait une perte financière de 66 millions € au 1er semestre malgré de bons résultats commerciaux : il enregistre dans la téléphonie mobile 160.000 abonnés de plus au 2ème trimestre tandis que son revenu moyen par abonné (ARPU) chute encore, passant de 24,4€ à 22,90€ en un an. C’est le cas pour tous les opérateurs : leur ARPU va de 14€ pour Free Mobile à 21,89 pour SFR et 22,60 pour Orange, tandis qu’il dépasse les 40€ chez les opérateurs Nord-américains. Depuis l’arrivée du 4ème opérateur, le marché des télécoms subit une baisse considérable des prix et des revenus. Cette destruction de valeur des services de télécommunication due à la concurrence rend les investissements difficiles alors que les besoins sont estimés par l’Idate à 35 Mds d’ici 2020 rien que pour absorber le trafic de données. Comment maintenir un niveau d’investissements suffisant avec des marges réduites ? Il serait grand temps de changer de politique. C’est aussi ce que nous voulons faire valoir lorsque le ministre de l’économie nous recevra comme nous lui en avons fait la demande.
Un nouveau tueur à la tête de SFR/Numéricâble ?
Patrick Drahi, patron d’Altice a décidé de laisser son siège de président de Numericable-SFR à Michel Combes, ex patron de l’équipementier Alcatel-Lucent, vendu au finlandais Nokia. Michel Combes va pouvoir poursuivre la restructuration de l’opérateur français. Les anciens de France Télécom se souviennent de son passage de janvier 2003 à mai 2006 comme Directeur exécutif chargé des « Équilibres Financiers et Création de Valeurs NExT » et membre du comité stratégique du Groupe. Il a aussi mené le plan Shift chez Alcatel-Lucent qui a supprimé 10.000 emplois dans le monde, dont 700 en France.
Pas de quoi rassurer les salariés de SFR déjà très malmenés depuis la fusion avec Numéricable.
Malaise des salariés chez SFR/Numéricâble
Depuis la prise de contrôle de SFR par Numéricâble, les salariés commencent à en payer le prix ! Patrick Drahi a visiblement du mal à trouver et à mettre en place les synergies attendues ! Bon nombre de salariés de SFR, cadres et non cadres, ne se retrouvent pas dans cette nouvelle co-entreprise, n’y reconnaissant plus leur ancienne maison mère. La ligne stratégique du nouveau groupe semble bien floue ! Les quelques 1,2 million d’abonnés perdus confirment ce malaise ! Et les marchés financiers commencent, quant à eux, à s’inquiéter de la dette du nouveau groupe SFR/Numéricâble. A FOCom nous demandons qu’enfin l’Etat et le régulateur prennent leurs responsabilités et s’engagent à soutenir l’investissement dans le secteur des télécommunications, dont Orange est le principal acteur. Seules des actions permettant de renforcer les opérateurs, et non pas des attaques visant continuellement Orange, notamment par des procédures contestables, garantiront la croissance de nos entreprises et de l’emploi. FOCom continue et continuera à peser de tout son poids pour la défense des intérêts des salariés, d’où que vienne le vent !