Dans une interview réalisée par “l’usine digitale” Stéphane Richard délivre un message pour le moins curieux voire inquiétant. Il y déclare en effet : “l’ubérisation peut aussi toucher les télécoms ! Et nous serions bien bêtes de considérer être à l’abri de l’émergence d’acteurs d’un genre différent qui nous amènent à revoir, en profondeur, notre modèle économique.“
Veut-il ainsi affirmer sa volonté de collaborer avec les GAFA et les start-up, comme Orange le fait déjà dans la Silicon Vallley, afin de ne pas rater le train de l’open innovation ? Ce qui peut se comprendre mais on ne voit pas le lien avec Uber (qui est l’intermédiation très lucrative via une plate-forme internet entre des travailleurs sans statut de salariés fournissant des services et des clients).
Ou le PDG d’Orange aspire-t-il à participer à l’instauration d’un modèle économique qui signifie la destruction du statut et des droits des salariés, du système de protection sociale élaboré après-guerre et de la logique fiscale redistributive ? C’est-à-dire un modèle qui sonne le glas du social !
Pour preuve : les travailleurs d’Uber exigent maintenant un statut de salarié…
2,5 Mds pour les actionnaires de Numericable-SFR
Le Conseil d’administration de SFR-Numericable vient de proposer une distribution exceptionnelle de 5,70 € par action à ses actionnaires, soit un montant global de 2,5 Mds €. Ce bonus colossal sera financé par un emprunt d’un montant minimum de 1,6 Md € alourdissant encore la dette abyssale d’Altice et par des liquidités. Au royaume du parasitisme, M. Drahi est décidément roi. Quid de ses engagements d’investissements et d’innovation, de couverture des zones blanches et de déploiement de la 4G et de la fibre ? Quid de l’avenir de l’entreprise et surtout de ses salariés ? Mais de cela M. Drahi s’en fiche royalement !
Xavier Niel récidive contre la liberté d’expression
On se souvient que le patron de Free, Xavier Niel, avait porté plainte pour dénigrement contre Bruno Deffains, professeur d’économie, auteur d’une tribune publiée dans « Les Echos » le 11 juin 2012, où il estimait que Free Mobile détruirait 55.000 emplois. Il vient de récidiver contre un internaute qu’il attaque en diffamation pour avoir publié en 2013 trois commentaires très critiques sur les conditions de travail dans Mobitel, filiale d’Illiad-Free. Monsieur Xavier veut bâillonner l’expression libre : inquiétant pour un patron de presse !
FOCom reçue à l’Assemblée Nationale
FOCom a été auditionnée le 14 octobre par Corinne Erhel députée des Côtes-d’Armor, rapporteure pour avis de la mission “communications électroniques et économie numérique” du Projet de Loi des Finances 2016. FOCom a réaffirmé la nécessité de défendre l’investissement et l’emploi dans la filière. Pour cela l’Etat ne doit plus considérer les télécoms comme une vache à lait. Il faut cesser d’encourager l’hyperconcurrence qui détruit des dizaines de milliers d’emplois et la logique des amendes et des procédures incessantes qui obère les investissements.
À l’inverse il faut une politique industrielle pour le numérique pour reconquérir la souveraineté nationale dans ce domaine stratégique. Ainsi nous avons appelé de nos voeux la modification du plan gouvernemental du Très Haut Débit : contre la balkanisation actuelle des réseaux, les retards d’équipement du pays et le gaspillage de 5 milliards d’euros d’argent public, l’Etat doit confier à l’opérateur historique, dans le cadre de ses missions de service public, le déploiement et l’exploitation des réseaux Très Haut Débit sur l’ensemble du territoire.
Modèle Drahi, modèle pourri
Les marchés financiers commenceraient-ils à douter de la capacité de remboursement de la dette, estimée à 45 Mds €, de SFR/Numéricable ?
En avril 2014, l’opérateur avait suscité une demande de 70 Mds € lors de son émission de dette de 16 Mds € pour le rachat de SFR : un record dans la catégorie spéculative. Ce faisant, M. Drahi avait versé aux banques un pactole de 237 millions de dollars de commissions, selon le magazine Institutional Investor. Et les marchés boursiers n’étaient pas en reste : la valeur d’Altice en Bourse a été multipliée par 6 voire 7 par rapport à sa première cotation, à 6€, en janvier 2014.
La difficulté de M. Drahi à trouver les financements pour le rachat du câblo-opérateur américain Cablevision et sa chute en bourse de ces derniers jours montreraient-ils un retournement de confiance ? En tout état de cause ce sont les salariés qui paient les réductions de coûts et restructurations qui font la fortune (la 6ème de France) de l’homme d’affaires. Et ce seront encore eux qui paieront les pots cassés si SFR/Numéricable fait faillite. C’est ce modèle économique et social que conteste FO.