FOCom s’insurge contre les propos du président de l’ARCEP qui veut imposer de nouvelles mesures pour « attaquer les derniers bastions du monopole d’Orange » à laquelle il est une nouvelle fois reproché de trop investir dans la fibre.
Il est très étonnant que l’ARCEP qui a contribué à définir le plan Très Haut Débit reproche aujourd’hui à Orange d’appliquer ses décisions. Dire qu’Orange est en monopole sur la fibre est une absurdité car les autres opérateurs ont un nombre de prises THD comparable à l’opérateur historique, voire supérieur pour Numéricâble. Mais, l’hyper concurrence organisée par l’ARCEP a réduit fortement les capacités d’investissement des opérateurs et, pour des raisons de rentabilité à court terme, les alternatifs ont arrêté d’investir, ce que n’a pas fait Orange, sur insistance de l’ARCEP. Comment l’ARCEP peut-elle maintenant le lui reprocher ? Cette attitude incompréhensible ne peut que conduire à décourager l’investissement pourtant nécessaire.
Que se cache-t-il en réalité derrière cette surprenante et scandaleuse sortie de Sébastien Soriano ? Les appétits de ceux qui veulent des profits sans investir n’y sont probablement pas étrangers. Ou veut-il, sous la pression de quelques lobbies, s’attaquer à nouveau au réseau cuivre d’Orange, actif important qu’il serait stupide de jeter par la fenêtre ? S’agit-il de masquer l’inefficacité du plan THD que le Président de l’ARCEP a lui-même élaboré lorsqu’il était dircab de Fleur Pellerin, plan qui conduit à une balkanisation des réseaux et à un retard de l’équipement du pays ? Sans compter que ce plan représente un surcoût de plus de 5 milliards d’euros d’argent public par rapport à ce qui aurait été nécessaire si le déploiement du THD avait été confié à un acteur économiquement rationnel comme l’opérateur historique.
FOCom exige que l’ARCEP arrête de dénigrer le travail des personnels d’Orange et revienne à une régulation en faveur de ceux qui font avancer le pays.
Le mépris ça suffit !
Plusieurs de nos correspondants nous ont alertés concernant des propos qui les ont profondément choqués. En marge du salon international des geeks de Las Vegas, (le Consumer Electronics Show), M. Fillon a en effet déclaré : « J’ai ouvert les Télécoms à la concurrence. Vous pensez qu’il y aurait de l’Internet en France si on avait toujours France Télécom avec des fonctionnaires ? » Si M. Fillon a effectivement préparé la fin du monopole de FT quand il était ministre entre 95 et 97, ses propos relèvent d’une rodomontade aussi prétentieuse que mensongère. Nous nous insurgeons contre le mépris exprimé ici contre les grandes réalisations de l’opérateur historique, en situation de monopole d’état (réseaux, Minitel, etc). Mais aussi contre le personnel actuel d’Orange qui, faut-il le rappeler, est encore composé de 50% de fonctionnaires, ce qui n’empêche nullement l’entreprise de relever ses grands defis technologiques… qui vont bien au-delà de l’Internet ! Et ce malgré tous les écueils mis en place pour affaiblir Orange et une concurrence entretenue en France et en Europe dont aucun expert ne nie plus la nocivité pour tenir tête notamment aux GAFA.
2017 : pour une nouvelle orientation européenne sur les télécoms
Le secteur des Télécoms européen se porte toujours aussi mal. Bien qu’il crée de la valeur, dispose de débouchés et d’actifs tangibles et soit à la pointe technologique, il enregistre de piètres résultats en termes de marges et de revenus. Et la plus mauvaise performance boursière d’Europe aggravée par le contexte pénalisant de hausse des taux obligataires.
Relancer la croissance et le revenu par abonné nécessiterait un changement radical de politique : une accélération de la consolidation, une régulation favorable à l’investissement, la croissance des revenus (toujours écrasés par une concurrence exacerbée et des décisions comme la baisse des tarifs du roaming). Toutes choses que les autorités européennes se refusent obstinément à faire, claquemurées qu’elles sont dans leur dogme consumériste et concurrentiel mortifère. L’année 2017 sera-t-elle enfin synonyme de retour à la raison ? FOCom, qui ne croit pas aux voeux pieux, continuera à peser aux côtés de tous ceux qui veulent sauver le soldat télécom.
Marché des télécoms : ce n’est pas Noël pour tout le monde
La Fédération Française des Télécoms a publié son bilan annuel sur la situation du marché français des télécoms. Il confirme que depuis l’arrivée de Free mobile, les prix ne remontent toujours pas et que la France reste le pays où les abonnements fixes et mobiles sont les moins chers. Le prix plancher pour un forfait mobile standard (appels et SMS illimités, 2Go de data au moins) est de 15€ en France (hors promo), quand il est de 20€ en Italie, 22 en Angleterre, 23 en Allemagne, 28 en Espagne et 37 aux États-Unis. Les usages s’intensifient sur le mobile et le fixe. Les Français, équipés de 37 millions de smartphones (contre 34 millions l’an dernier) consomment en moyenne 1,5 Go de données internet sur mobile par mois, soit 54% de plus qu’en 2015. Sur le fixe, au 2ème trimestre 2016, on comptait 4,8 millions d’abonnés à l’internet THD fixe (fibre et câble), soit un bond de 33% par rapport à 2015.
FOCom dénonce une nouvelle fois la guerre des prix mortifère qui plombe les marges. Si l’investissement reste élevé : 7 Mds € cette année dans les réseaux 4G ou le déploiement de la fibre, soit 22% des chiffres d’affaires cumulés des opérateurs (et l’équivalent de 17 viaducs de Millau!), les conséquences sur l’emploi sont catastrophiques : 13% des postes ont été supprimés depuis 2010 (sans compter les 5.000 suppressions de poste à venir chez SFR). Et, nous le savons, quand les effectifs chutent, ce sont les salariés qui trinquent. FOCom appelle à une inflexion radicale de la politique du numérique étayée par un engagement fort de l’État et une vision industrielle de long terme sécurisant emploi et investissement.
Une régulation a minima pour l’internet des objets
L’internet des objets (IoT pour Internet of Things) est au centre de toutes les attentions et de toutes les convoitises. Avec des dizaines de milliards d’objets connectés prévues en 2020, ce marché encore émergent promis à de juteux profits constitue en effet un enjeu économique majeur. L’ARCEP vient de publier un livre blanc dans lequel elle prône, étonnamment, une « régulation allégée » au prétexte de favoriser le développement de l’innovation. Le gendarme des télécoms ne modifie pour autant pas sa volonté de « conserver au maximum un jeu concurrentiel ouvert ». A FOCom, cette posture nous interpelle. N’y a-t-il un risque majeur à laisser s’installer une jungle où start up et autres uber sans scrupules viendront faire leur beurre sans entraves ? Ne faudrait-il pas construire en amont les garanties pour sécuriser les réseaux et les données ? Faire respecter les normes sociales ? Et protéger les entreprises nationales qui investissent et créent de l’emploi ?