Depuis plusieurs mois, Patrick Drahi (SFR) dépense des centaines de millions d’euros pour étoffer son offre de journaux et chaînes de télévision (Libération, L’Express, BFM-TV, RMC…), de cinéma et de divertissement (exclusivité des chaînes NBCUniversal ou Discovery) ou de sport (Premier League, rugby anglais, athlétisme français…). Tandis que Stéphane Richard déclare s’intéresser à Canal+. Cela inquiète Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, qui, dans un entretien au Financial Times, s’émeut du désir des opérateurs de s’approprier ou produire des contenus, ce qui risque selon lui de pénaliser l’investissement dans les réseaux. Mais y a-t-il un avenir pour des opérateurs qui resteraient cantonnés dans les « tuyaux » quand tout est imbriqué et que les producteurs de contenus lorgnent de leur côté sur les réseaux ? On a ainsi vu les OTT attaquer le marché du transport des données. Le sujet n’est donc pas d’empêcher une diversification des activités des opérateurs, convergence nécessaire, selon nous, pour survivre à la concurrence internationale. Le sujet porte plutôt sur la question de l’indépendance de la presse et des médias. Mais cela ne relève pas du régulateur qui est surtout obsédé par le maintien de la concurrence entre les opérateurs français et, partant, attentif à affaiblir ceux qui prendraient trop d’importance avec la convergence.
THD : la Cour des comptes « découvre » le gouffre financier
FOCom a dénoncé à maintes occasions le gaspillage de l’argent public résultant des orientations arrêtées pour le plan très haut débit. Nous avons alerté en leur temps l’autorité de la concurrence, les ministères successifs concernés, la mission Champsaur… sur les conséquences désastreuses de leur décision de se défausser sur les RIP et sur des potentats locaux plus soucieux de leur image que de l’intérêt collectif, de multiplier les acteurs et de les mettre artificiellement en concurrence. Cette orientation ne pouvait qu’entrainer absence de cohérence technique et tarifaire, balkanisation des réseaux, surcoûts, retard dans le déploiement et, au final, inégalité de traitement des citoyens. Seul un plan piloté nationalement par l’État et confié majoritairement à l’opérateur public aurait pu répondre au défi de l’équipement du territoire en THD. Aujourd’hui la Cour des Comptes « découvre » que l’échéance de 100% de couverture en 2022 ne sera pas tenue. Elle évalue que le budget nécessaire atteindra 35 milliards et non les 20 milliards initialement prévus. Mais au lieu d’appeler l’État à modifier sa politique, la Cour des comptes l’engage à l’accentuer. FOCom continuera à dénoncer les gaspillages du plan THD actuel.
Développeurs pressurés à l’extrême
On les appelle les développeurs de l’extrême. D’ici 2022, on estime les besoins dans ce domaine à 220.000 emplois. De quoi faire saliver les marchands de formation professionnelle. On a vu comment le sans scrupule Xavier Niel faisait dormir dans les couloirs de son « école », sur des lits de fortune, des jeunes en quête d’avenir professionnel. C’est la société C17 Engineering qui propose maintenant une méthode TopCode d’apprentissage intensif par le jeu qui se réclame du film «Top Gun» et de l’école d’aviation du même nom. Avec des horaires de 15 à 16 heures par jour et des défis personnalisés «il s’agit de dépasser ses limites, de valoriser le génie français et le fait d’avoir d’un esprit hors des sentiers battus» ainsi que l’explique sans vergogne son co-fondateur Jonathan Béjart.
Jusqu’où ira-t-on dans la maltraitance des jeunes ?
La Cour des comptes préconise davantage de privatisation d’Orange
Dans un rapport cinglant sur l’État actionnaire publié le 25 janvier, elle estime que la participation de l’État dans la stratégie d’Orange peut représenter un frein à son développement et conseille qu’il réduise encore son niveau de participation (de 23% aujourd’hui).
Pour FOCom, le désengagement de l’État menacerait au contraire gravement le plan fibre et fragiliserait la situation de l’entreprise et celle de la filière des télécoms. Ce secteur ne peut prospérer qu’avec la mise en œuvre d’une véritable politique publique organisée autour d’Orange et reposant sur une vision industrielle visant à développer l’emploi et l’investissement et non sur une hyper concurrence destructrice qui favorise les aventuriers de la finance et les opportunistes de toutes sortes.
De l’ARCEP à Google
Encore une histoire de transfuge ! On se souvient du passage de JM Barroso de la présidence de la commission européenne (où il a sévi contre Orange) à la banque Goldman Sachs. On apprend maintenant que le directeur général de l’ARCEP, Benoît Loutrel, va rejoindre Google France au poste de directeur des affaires publiques. Dans le même temps le président de l’Autorité de la régulation, Sébastien Soriano, annonce de nouvelles mesures visant à affaiblir l’opérateur historique accusé de trop investir. Pour FOCom il est particulièrement choquant que des institutions censées défendre leur secteur économique d’intervention, s’acharnent contre lui et favorisent une concurrence qui fait la part belle aux multinationales et aux GAFA. Et que rien n’entrave les conflits d’intérêts puisqu’en l’occurrence Google va récupérer un expert en régulation qui pourra efficacement l’aider à jouer avec les règles françaises.