Thomas Reynaud, directeur financier d’Iliad, a annoncé mercredi 20 décembre :
– qu’Iliad financera l’opération sur Eir au moyen de cash et de ses lignes de crédit existantes, sans avoir besoin d’augmenter son capital
– que la stratégie d’ensemble d’Iliad reste inchangée, que la priorité va toujours au lancement en Italie
qu’Iliad regardera la consolidation au sein du secteur des télécoms mais qu’il ne faut pas s’attendre a une grosse acquisition sur le court terme.
Interrogé sur d’éventuels nouveaux développements sur la consolidation du marché français, le fondateur d’Iliad Xavier Niel a refusé de faire un commentaire. Nous pensons quant à nous, que vraisemblablement Free n’investira plus en France, la totalité de son cash lui servant en Europe, et que Bouygues risque de racheter SFR (25 millions de clients) et, par conséquent, de ne plus avoir l’autorisation de rentrer au capital d’Orange… Des hypothèses bien sûr, l’essentiel étant bien entendu que l’avenir des personnels de ces différentes entreprises soit assuré.
Les télécoms toujours moteurs
En 2016 les acteurs du numérique français ont réalisé 75 Mds Euros de chiffres d’affaires dont 53% provenaient des opérateurs. Ce qui n’empêchent pas leurs revenus de continuner à stagner depuis 4 ans. Ils employaient 76% des 166 000 salariés directs du secteur et assuraient 87% des 10 Mds investis. Il faut remarquer que la France reste la plus attractive au niveau des tarifs : l’abonnement au triple play y est à 18 euros quand il s’élève à 78 aux États-Unis et 39 en Grande-Bretagne. Le prix du forfait mobile n’y dépasse pas les 10 euros par mois en moyenne alors qu’il dépasse les 50 euros outre-Atlantique. Les joies de la concurrence… (étude réalisée par Arthur D. Little pour la Fédération Française des Télécoms).
Vers le net à la carte ?
La Commission fédérale de réglementation des communications (FCC) a entériné aux Etats-Unis la fin la neutralité du net, principe qui garantit un traitement égal des flux de données par les opérateurs. Cette décision risque de transformer l’Internet en un service à la carte, d’instaurer des niveaux de priorité entre les sites et de facturer des frais supplémentaires pour diffuser de la vidéo ou utiliser les médias sociaux. La fin de la neutralité pourrait également affecter la capacité d’innovation des entreprises dont l’activité repose sur Internet, l’accès à leurs sites et à leurs services pouvant être affecté.
A l’inverse Stéphane Richard a pris position contre la neutralité du Net, « l’ennemi de l’innovation » : “Dans les usages futurs de l’internet, il y a certains usages (l’internet des objets notamment, par exemple la voiture autonome ou toute une série de technologies à distance) qui vont nécessiter des internets particuliers, en termes de latence, de vitesse. Donc il faudra qu’on soit capable de proposer à l’industrie, aux services, des internets avec des fonctionnalités et des puissances différentes, donc avec des qualités de services différentes.” Certes ! Cependant si l’on peut comprendre qu’il soit proposé des accès adaptés à des services particuliers, on ne peut adhérer à un internet à plusieurs vitesses exclusivement aux mains des FAI. Avec les risques d’exclusion et d’accroissement des inégalités inhérents. Il faut à tout le moins un accès égal minimum garanti pour tous.
THD : l’obsession mortifère de la concurrence
Une nouvelle fois, la Commission européenne fait pression sur l’Arcep suite aux derniers ajustements réglementaires entrepris sur le marché de la fibre par le régulateur. L’opérateur visé est bien entendu Orange qui est de loin le plus gros investisseur en matière de réseau et remporte en conséquence plus de 70 % de parts sur le marché de la fibre. Ce qui chiffonne les obsédés de la concurrence. A quatre ans de l’échéance du plan France Très Haut Débit, alors que les autorités s’alarment du retard pris et que des élus se plaignent à juste titre de la persistance de la fracture numérique, il est tout de même paradoxal de demander l’affaiblissement du principal acteur du déploiement FttH en France. On a plus que jamais envie de dire « laissez-nous investir et travailler en paix ! » D’autant que le deuxième acteur en présence, SFR, joue impunément, et depuis trop longtemps, les troublions dans une situation déjà très tendue.
TVA c’est déjà Noël pour SFR et Bouygues Telecom
Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2018, le Sénat a adopté un sous-amendement qui prévoit de reporter à juin 2018 la mesure mettant fin au taux de TVA ultra réduit réservé en principe à la presse et indûment pratiqué par SFR et Bouygues Telecom sur l’ensemble des services contenus dans leurs offres presse couplées. Un beau cadeau de Noël pour eux, un manque à gagner pour les caisses de l’État…