Secteur Télécoms

SFR hors déontologie

Pour enrayer les défections en cascade d’abonnés mécontents, la direction de SFR n’a rien trouvé de mieux que de sanctionner des salariés jugés trop conciliants avec leurs clients. Au moins deux entretiens préalables au licenciement auraient déjà eu lieu en octobre. Certains salariés ont été piégés lors de « visites mystères » réalisées cet été par de faux clients prétendant mettre fin à leur abonnement. Une note interne interdisait déjà formellement depuis septembre 2017 de transmettre le numéro du service clients, les coordonnées du service résiliation ou encore le code pour passer d’un opérateur à l’autre. Ces pratiques, étrangères à toute déontologie et pour certaines à la limite de la légalité, ont été vigoureusement condamnées par les Organisations Syndicales. Pour FOCom, les salariés comme les clients doivent être respectés et ce n’est pas par une chasse aux sorcières que SFR redressera sa situation très dégradée comme le confirme à nouveau l’enquête de l’ARCEP. C’est en investissant, en particulier dans les réseaux, et en recrutant.

Télécoms : la vente à perte pérennisée

Vendredi 28 septembre, lors de la discussion de la Loi PACTE à l’Assemblée Nationale, deux amendements visant à interdire la vente à perte dans le domaine des services ont été présentés par des parlementaires. Il s’agissait en particulier d’arrêter la pratique destructrice de certains opérateurs télécom qui bradent de l’ADSL à 5 ou même à 2 euros par mois alors qu’ils louent la ligne support à plus de 9 euros. Ces deux amendements ont été rejetés par la majorité parlementaire. Tout au plus, le gouvernement s’est-il engagé à réunir les opérateurs. Le dumping économique, et avec lui le dumping social, ont de beaux jours devant eux.

Impayable régulateur

Dans une interview à la Tribune, l’insatiable Président de l’arcep, Sébastien Soriano, envisage non seulement la fusion de son institution avec le CSA mais propose au gouvernement d’étendre ses pouvoirs aux smartphones et autres objets connectés, “prolongation logique de son nouveau rôle de gardien de la neutralité du Net”.
Concernant la domination des GAFA, après avoir admis que “la neutralité du Net tend à limiter la capacité de négociation des opérateurs vis-à-vis des géants du Net” qui “écrasent tout sur leur passage”, il a ce mot admirable “Mon rôle n’est pas de donner un coup de main aux opérateurs.” Monsieur a de l’appétit mais pas l’estomac patriote ! Quant à la consolidation du marché français des télécoms après l’avoir défendu en mai, il se déclare maintenant en désaccord avec Stéphane Richard qui la juge inévitable car “structurellement, le secteur peut fonctionner à quatre”. Et que la guerre des prix “c’est bien les opérateurs qui l’ont choisie. C’est leur décision… nous ne leur avons jamais dit que leurs prix étaient trop élevés.” Il oublie juste que c’est pour faire baisser les prix que le gouvernement a permis l’arrivée de Free, en 2012, en tant que 4ème opérateur. Et non non, son opposition à une consolidation ne vise pas à sauver Free, le « bébé » de l’Arcep !
Quant au retard pris sur les Etats-Unis concernant la 5G, il se montre satisfait : avec “une consultation au mois d’octobre pour définir les modalités d’attribution des fréquences 5G aux opérateurs et un appel d’offres qui pourrait avoir lieu dans environ un an, à la mi-2019… on se situe dans un calendrier proche de celui de nos voisins européens”. Tout va pour le mieux madame la marquise, le Grand Régulateur veille !

Yo-yo boursier chez Illiad

Xavier Niel voudrait-il racheter l’ensemble des titres d’Illiad (lequel titre a perdu la moitié de sa valeur en un an) ? En tout cas,  notre Monsieur Niel a transféré la quasi intégralité de ses titres (soit la moitié du capital d’Illiad) dans une holding, laquelle aurait pour but d’emprunter (Illiad est le moins endetté des opérateurs télécoms français), soit pour faire de nouvelles emplettes sur le marché des Telco (après Monaco Télécoms, Tigo au Sénégal, Salt en Suisse, racheté à Orange,…) soit pour racheter l’intégralité des actions de son groupe.
Loin de ces mécanismes financiers qui ne peuvent que laisser perplexes le citoyen lambda (et inquiets les salariés de son groupe), rappelons que sans la dérégulation du marché des télécoms, notre Monsieur Niel serait, en place d’être le milliardaire qu’il est devenu en peu d’années, un citoyen lui aussi lambda. Et inquiet de ce monde dans lequel quelques magnats jouent au mécano (financier)  un peu comme M. Hynkel, dans le film le Dictateur de Chaplin, jouait avec le monde…

Altice crée un joint-venture pour son réseau fibre

A force de jouer à l’apprenti sorcier et de s’endetter à tout va, arrive le temps où l’autre magnat des télécoms, M. Drahi, se heurte à son tour au mur des réalités. Quelques semaines après avoir vendu la moitié de ses tours hertziennes, M. Drahi vient d’annoncer la vente d’environ 40 à 60% de son réseau fibres, cela dans le but de lever des fonds, afin de ne pas accroitre plus encore l’endettement massif de l’Entreprise (31 Mds€ en Europe). Cela dans le but de construire 2,7 millions de prises de fibre optique, afin de concurrencer plus directement… Orange. Mais, compte tenu des difficultés du groupe Altice, malgré le rebond récent qui lui a fait gagner une bonne partie des clients ayant quitté Free,  il semblerait que les partenaires financiers ne se bousculent pas pour participer à ce joint venture.