4 millions d’abonnés ont changé de fournisseur mobile cette année. Un chiffre en hausse de 15 %, à la faveur de promotions pas forcément limitées dans le temps. Un niveau comparable à celui du premier semestre 2012, au moment de l’arrivée de Free Mobile. Ce qui constitue un frein aux revenus des opérateurs, un frein aux (énormes) investissements du secteur (FTTH et 5G) et tire vers le bas le cours de bourse de tous les opérateurs . Le réglementeur, au lieu de se féliciter de ce jeu de massacres, ferait mieux de réguler un peu plus (revenir à 3 opérateurs, interdire les promotions ou les prix inférieurs au coût de revient) avant que ce secteur pourtant en pointe (de la technique et de l’économie) soit définitivement sinistré.
Télécoms : la fin de la guerre des prix?
Dans un rapport intitulé « Télécommunications françaises : Guerres de prix, victoires à la Pyrrhus et recherche de la valeur à long terme », l’agence de notation financière Fitch Ratings estime peu probable que le marché français des télécoms connaisse une nouvelle contraction majeure mais plutôt une accalmie de la concurrence et de la guerre des tarifs.
Le rapport observe « de meilleures tendances du revenu moyen par utilisateur (ARPU) chez les opérateurs qui semblent s’être concentrés sur la qualité et la convergence des réseaux et des services. » Citant l’exemple d’Orange, il note que l’adhésion des consommateurs à la convergence fixe-mobile lui a permis « d’établir une forte position sur le marché », tout en contribuant « à maintenir de bonnes tendances en matière de revenus pour les activités nationales de l’opérateur, même si des investissements importants continueront à supprimer les flux de trésorerie disponibles pendant encore deux à trois ans. » Un investissement stratégique judicieux donc qui générera à terme « une valeur économique à long terme et contribuera à renforcer sa part de marché dans les secteurs fixe et mobile. »
Quant à Illiad, il a vu « ses paramètres d’exploitation s’amoindrir sensiblement. L’entrée sur le marché de son service Free Mobile en 2012 a marqué le début d’une guerre des prix longue et dommageable. » La conséquence directe de tarifs promotionnels comme ceux à 0€ est un ARPU mobile mixte de l’ordre de la moitié de celui de ses rivaux. La maturité de la clientèle de Free, avec une part de marché d’environ 21% du marché des clients mobiles et des niveaux élevés d’investissements réseau requis, conduit Fitch Ratings à prédire une approche plus pragmatique et raisonnable en matière de tarification.
Et l’agence considère la performance affaiblie de SFR comme la preuve qu’une réduction des coûts peut nuire au succès commercial.
A FOCom nous faisons le voeu que ces pronostics sur les effets bénéfiques du choix de la qualité se confirmeront. Pour les salariés d’Orange offrir des services et produits de qualité aux clients est tout de même plus motivant qu’une course effrénée à leur sous-évaluation.
Les ravages de la guerre des tarifs dans les télécoms
Depuis l’arrivée de Free dans le mobile en 2012, les prix ont chuté de plus de 42% en France. La Fédération Française des Télécoms l’a confirmé le 17 décembre en publiant les chiffres-clés du secteur des télécoms en 2018 et les grands enjeux à venir pour le secteur : la France continue à offrir les prix les plus bas des grands pays occidentaux avec un tarif de 15€ en moyenne pour un abonnement fixe (triple play) et 9€ pour un forfait mobile, contre 18€ et 10€ en 2017. La baisse des tarifs initiée par Free en 2012 s’est même intensifiée cette année avec la guerre des prix menée par SFR et Bouygues, lesquels ont multiplié les offres promotionnelles à vie.
La consolidation compromise par l’ARCEP
Depuis l’arrivée du 4ème opérateur Free, voulue par les libéraux, nous ne cessons de dénoncer une concurrence exacerbée qui fait chuter les tarifs, plombe les résultats des opérateurs et entame leur capacité à investir et à soutenir l’emploi. Maintenant tout le monde s’accorde à déplorer une situation où la France est le seul marché des télécoms à perdre de la valeur quand tous en gagnent. Les opérateurs s’échangent les abonnés au gré de leurs facilités de trésorerie, avec des promotions à vie, des ventes à perte et des prix totalement décorrélés de la réalité des coûts. Nous sommes manifestement arrivés au bout d’un modèle. Si cette guerre continue à faire rage, la capacité des acteurs à investir continuera à se dégrader, alors que la course technologique n’attend pas.
Tandis qu’une fenêtre de tir pour le retour à 3 opérateurs s’ouvre aujourd’hui et ce jusqu’au printemps, période d’ouverture des appels d’offre sur la 5G, l’ineffable Sébastien Soriano, le patron de L’ARCEP, affirme que « s’il s’agit de revenir à trois pour remonter les prix, nous ne l’accepterons pas ». Or faire réévaluer les tarifs c’est précisément tout l’intérêt d’une consolidation… Une fois encore, le « gendarme des télécoms » entend jouer, par pure idêologie consumériste, contre son propre camp.
La CNIL épingle Bouygues
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) annonce jeudi 27 décembre avoir sanctionné Bouygues Telecom d’une amende de 250.000 € pour avoir « insuffisamment protégé les données » de plus de deux millions de clients de sa marque B&You. Il était en effet possible d’accéder à leurs contrats et factures en modifiant simplement une adresse URL. « Le défaut de sécurité trouvait son origine dans l’oubli de réactiver sur le site, après une phase de test, la fonction d’authentification à l’espace client qui avait été désactivée pour les seuls besoins de ces tests » , détaille la CNIL qui a sanctionné l’opérateur bien qu’il ait rapidement corrigé la vulnérabilité et qu’aucun préjudice soit à déplorer, les données n’ayant pas été dérobées.