Le jugement, très attendu, vient de tomber ce vendredi 20 décembre : les trois anciens dirigeants de France Télécom – Didier Lombard, ex-président-directeur général, Louis-Pierre Wenès, ex-numéro 2, et Olivier Barberot, ex-directeur des ressources humaines -, ont été déclarés coupables de « harcèlement moral institutionnel ». Les 4 autres ont été reconnus coupables de complicité. Les trois principaux prévenus ont été condamnés à un an de prison dont huit mois avec sursis, ainsi qu’à 15.000 euros d’amende. L’ensemble des prévenus sont condamnés solidairement à payer des indemnités à la plupart des parties civiles. Le total des sommes représentent plusieurs millions d’euros. Ils ont en revanche été relaxés pour la période 2008-2010. France Télécom a été condamnée à 75.000 euros d’amende, soit la peine maximale prévue. Si ces sanctions semblent dérisoires par rapport au préjudice subi par les salariés, c’est la première fois qu’un tribunal reconnaît cette notion de « harcèlement institutionnel » : une victoire pour les parties civiles au procès, dont FOCom, qui avaient plaidé pour que soient établies les responsabilités des dirigeants de l’époque, comme de l’entreprise, dans la crise et ses conséquences dramatiques. Une nécessité pour que les victimes et leurs proches puissent retrouver une certaine sérénité. Mais aussi pour que les pratiques de management néfastes soient clairement caractérisées afin que cela fasse jurisprudence dans l’ensemble du monde du travail.
La Direction d’Orange a confirmé qu’elle ne fera pas appel du jugement.
Le verdict du procès France Télécom doit être une protection pour l’ensemble du monde du travail
Ce vendredi 20 décembre sera rendu le verdict du procès de 7 dirigeants et de la personne morale France Télécom, impliqués dans la crise qui a secoué l’entreprise entre 2007 et 2010.
Ce procès a mis en évidence les pratiques managériales qui ont entraîné la souffrance de très nombreux collègues au point d’en faire basculer certains dans des actes désespérés.
Sur le plan judiciaire, FOCom, partie civile au procès, a plaidé pour que soient établies les responsabilités des dirigeants de l’époque, comme de l’entreprise, dans la crise et ses conséquences dramatiques. C’est indispensable pour les victimes et leurs proches, pour que ceux qui ont subi cette période puissent retrouver une certaine sérénité. C’est pourquoi nous attendons un verdict qui caractérise clairement ces pratiques néfastes afin que cela fasse jurisprudence dans l’ensemble du monde du travail.
Au-delà de cet enjeu judiciaire, une condamnation claire donnerait d’autant plus de légitimité au dispositif de réparation mis en place par Orange en faveur des victimes de cette période. FOCom souhaite que les indemnisations puissent concerner les victimes plus largement que pour la période de prévention retenue par la justice.
FOCom attend de la Direction d’Orange qu’elle tienne son engagement de ne pas faire appel, quel que soit le verdict.
Le social et l’humain, les grands absents du plan stratégique ?
Sur les 8 pages du communiqué de presse du 4 décembre émanant de la Direction d’Orange, seul un court paragraphe aborde la fameuse « promesse d’employeur digital et humain » et c’est sous le seul angle de montée en compétences et de reconversion professionnelle. Avec un programme de renforcement des compétences ouvert à tous les collaborateurs dans le monde de 1,5 Md € et l’objectif de former 20 000 collaborateurs à la virtualisation des réseaux, l’intelligence artificielle, la data, le cloud computing, le code et la cybersécurité. FOCom attend de la Direction des annonces concrètes répondant aux attentes des personnels en matière de conditions de travail et de reconnaissance. Bien plus que de « cohérence sociale et humaine », c’est de priorité sociale et humaine dont il faut parler. Priorité qui se décline en moyens humains, en qualité de l’environnement de travail (sans flex par exemple), en accompagnement, en reconnaissance… Et cela commence par cesser l’insupportable pression sur les coûts en personnels, subis lors des 2 précédents plans stratégiques.
« Engage 2025 » : les salariés en attente
La Direction d’Orange a annoncé ce mercredi son nouveau plan stratégique à l’horizon 2025. « Engage2025 » prend la suite du plan « Essentiels2020 » lancé en 2015. Sur le plan financier, Orange vise une croissance annuelle de l’EBITDAaL comprise entre 2% et 3% par an en moyenne sur la période 2021-2023 et un cash-flow organique des activités télécoms en croissance entre 2020 et 2023 avec une cible comprise entre 3,5 et 4 milliards d’euros en 2023 (contre plus de 2 milliards d’euros en 2019). A ce stade on n’a pas beaucoup plus d’informations, Stéphane Richard ayant prévenu par mail à chaque salarié que le plan stratégique et « la raison d’être » seront détaillés le 10 décembre. FOCom réitère son exigence que les salariés soient au centre, que l’unité de l’entreprise soit maintenue et que les déclarations d’engagements tant sociaux qu’environnementaux n’en restent pas à des opérations de communication.
« Engage 2025 » : que deviennent les réseaux d’Orange ?
Dans le cadre de sa réunion dédiée aux investisseurs, à l’occasion de la présentation d' »Engage 2025″, une dimension importante, qui fut au centre des questions posées par les investisseurs, est la création, dès 2020, d’entités dédiées pour gérer les réseaux, en particulier les 40.000 « tours » de réseaux mobile, dans les pays où le groupe est présent en Europe. Cette opération de création de « TowerCos » est destinée à réduire les coûts d’investissement, par la cession partielle de ces entités, et pourrait se doubler d’opérations de « RAN sharing » pour optimiser encore les coûts de réseau. Ce type d’opération pourrait également se produire pour les réseaux fibre. Ainsi des « FiberCos » pourraient être créées dans plusieurs pays européens. En France, la filiale « Orange Concessions » portera la gestion des 4 millions de prises d’Orange dans les RIP. La Direction d’Orange s’est « engagée » à garder le contrôle de ces entités dans tous les pays européens où elles seront créées. A terme sera envisagé le regroupement de tout ou partie de ces TowerCos locales dans une TowerCo européenne, dont Orange garderait le contrôle majoritaire. « C’est un véhicule qui nous permettra un rôle éventuel de consolidation au niveau européen », a déclaré Stéphane Richard, lors de cette réunion des investisseurs.
FOCom s’opposera à toute opération qui aboutirait à ce qu’Orange ne soit plus maîtresse de ses réseaux.