Orange

AG d’Orange SA : touche pas à ma boîte

A l’occasion de l’Assemblée Générale d’Orange SA du 1er juin, FOCom rappelle que la part du capital détenue par les salariés est stratégique, au même titre que le poids de la sphère publique (23% de l’Agence des participations de l’Etat et Banque Publique d’Investissement). En effet, il s’agit d’être en mesure de contrer toute tentative prédatrice sur l’opérateur historique… Ce qui est encore possible grâce à la loi Florange qui double le poids des parts et actions dès lors qu’elles sont conservées depuis 2 ans.

Ce qui nous importe également, ce sont les résolutions qui vont dans le sens de la défense des intérêts de l’entreprise, de ses personnels dans le monde et de ses salariés actionnaires (avec des mesures de fidélisation  par un dividende majoré aux salariés, par des offres récurrentes réservées au personnel, par le logement d’éventuelles actions gratuites dans le FCPE existant). Il faut donc selon nous soutenir toutes les actions qui projettent l’entreprise vers l’avenir  en favorisant le développement, l’innovation et l’emploi.

Privatisation d’Orange ? Pas si simple

Invité par le Club de l’économie du «Monde», Stéphane Richard  a déclaré le 26 mai que «sur le plan économique une privatisation d’Orange ne poserait aucun souci ». Il tempère toutefois ce propos en évoquant « un aspect politique et culturel » : le fait que « la moitié du personnel est sous statut de fonctionnaires ». Et il voit juste ! Les personnels, et en particulier les fonctionnaires, s’opposeront effectivement à une privatisation qui insécuriserait l’entreprise et ses salariés. Et FOCom les soutiendra dans cette résistance.

Naissance d’Orange Content

L’heure est à la diversification pour les telcos, notamment vers des activités de contenus. Stéphane Richard a décidé de créer la direction Orange Content qui lui sera directement rattachée à partir du 1er septembre.
Côté stratégie, FOCom se souvient de 2010 quand Orange, considérant le potentiel de rentabilité des contenus trop faible, chercha à se débarrasser d’OCS via une joint-venture avec Canal+. Le CE Innovation avait résisté bec et ongles aux côtés des salariés et au final OCS est resté dans le groupe et  les emplois ont été sauvés. Et la filiale est maintenant reconnue comme une «réussite exemplaire» avec ses 2,6 millions d’abonnés.
Aujourd’hui FOCom se félicite que l’activité Contenus remonte au plus haut de la stratégie d’Orange. Nos représentants au CE d’Imtw  restent toutefois vigilants quant à la situation des personnels concernés par cette réorganisation.

Recherche, développement, innovation… vers la crise de dépendance

Toute entreprise, si elle veut rester innovante et attractive, se doit de mettre les moyens en R&D. Or, depuis quelques années, Orange semble oublier l’adage : baisse des budgets (900 M€ étaient consacrés à la R&D en 2008, moins de 700 M€ le seront en 2017 pour toute l’Innovation, dont 92 M€ dédiés exclusivement à la Recherche), baisse des effectifs (-8,1% sur la période 2013-2016), baisse de la participation Orange dans les projets collaboratifs européens et dans les instances de normalisation, baisse des dépôts de brevets, et donc des potentiels revenus à long terme.
Au-delà de ces baisses, Orange mise plus sur l’Open Innovation et la Recherche externe que sur la consolidation de sa Recherche interne et le maintien de ses experts.
Le risque ? A court-moyen terne, Orange pourrait dépendre des constructeurs et des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), aussi bien pour ses revenus que pour sa stratégie.
Pour FOCom, qui préside la Commission R&D, il est indispensable de limiter la perte des cerveaux, maintenir sa Recherche à moyen et long terme, et défendre une R&D indépendante et innovante.

« Touche pas à ma boîte » c’est toujours d’actualité ! Quand SFR réclame 2,4 milliards à Orange…

On se souvient de l’amende de 350 millions d’euros dont avait écopé Orange le 17 décembre 2015 pour entrave à la concurrence sur le marché des entreprises. FOCom s’était alors insurgée avec virulence contre l’amende la plus élevée prononcée par l’Autorité pour une entreprise. Nous avions d’ailleurs lancé une pétition adressée au ministre de l’économie, Emmanuel Macron, pour dénoncer cette nouvelle ponction qui venait grever les comptes d’Orange et sa capacité d’investir au moment où il lui était demandé d’accélérer ses efforts d’investissement pour couvrir l’ensemble du territoire en Très Haut Débit d’ici 2022. Il nous paraissait pour le moins paradoxal de reprocher à une entreprise d’être trop performante et de sanctionner une force de vente et un réseau qui la placent en meilleure position que ses concurrents. Nous soulignions alors que cette logique anti-industrielle qui consiste à sanctionner ceux qui investissent, était particulièrement révoltante pour le personnel qui déploie des efforts considérables pour satisfaire une clientèle exigeante.

Nous avions également alerté les autorités sur le fait que leur décision encouragerait les concurrents d’Orange à réclamer une réparation de leur prétendu « préjudice ». Ce que vient de faire SFR qui assigne Orange devant le tribunal de commerce et réclame rien de moins que 2,4 milliards d’euros ! (Verizon et BT group emboîtent le pas  à Patrick Drahi, en réclamant respectivement 215 et 150 millions d’euros).

Moralité : vous limitez votre force de vente à 400 commerciaux. Vous attaquez au nom de la concurrence déloyale l’opérateur qui embauche et met 10 fois plus de personnel pour répondre à la demande. Et vous récoltez une manne financière sans bouger le petit doigt. Ah mais si ! Vous supprimez 5000 emplois de plus avec la bénédiction des autorités…  Elle est pas belle la vie ?