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Procès France Télécom : FOCom réclame justice

Une délégation de FO Com et les avocats de la fédération étaient présents lors de l’ouverture du procès des dirigeants de FranceTélécom, ce 6 mai 2019, en soutien aux familles des victimes.
Une délégation de FO Com et les avocats de la fédération étaient présents lors de l’ouverture du procès des dirigeants de FranceTélécom, ce 6 mai 2019, en soutien aux familles des victimes.
Ce 6 mai, s’ouvre le procès de 7 dirigeants et de la personne morale France Télécom, impliqués dans la crise qui a secoué l’entreprise entre 2007 et 2010. Ce procès doit mettre en évidence les pratiques managériales qui ont entraîné la souffrance de très nombreux collègues au point d’en faire basculer certains dans des actes désespérés.
Sur le plan judiciaire, il est nécessaire que soient établies les responsabilités des dirigeants de l’époque comme de l’entreprise, dans la crise et ses conséquences dramatiques. C’est indispensable pour les victimes et leurs proches, pour que ceux qui ont subi cette période puissent retrouver une certaine sérénité.
Au-delà de cet enjeu judiciaire, une condamnation permettrait de donner un signal positif à l’ensemble du monde du travail afin que les employeurs ne puissent plus agir sans se soucier des conséquences sur leur personnel.
FOCom, partie civile, interviendra dans les débats du procès pour que justice soit rendue aux victimes, pour que les pratiques de l’époque soient condamnées et pour que cela serve à prévenir les risques à Orange comme dans toutes les entreprises.

Résultats d’Orange, objectifs maintenus, revendications aussi !

Lors de la présentation des résultats, Stéphane Richard s’est félicité : « Au cours de ce premier trimestre, le Groupe a réussi à maintenir une performance commerciale de qualité, malgré un contexte concurrentiel toujours très intense, notamment dans nos deux principaux pays, la France et l’Espagne. Notre stratégie s’avère payante puisque la croissance de notre EBITDAal se poursuit tandis que notre chiffre d’affaires est stable, ce qui nous permet de confirmer nos objectifs pour 2019. »  Et, de fait, le versement d’un dividende de 0,70€ par action pour 2019 est confirmé avec le versement en décembre prochain d’un acompte de 0,30€ par action. Côté personnel, le PDG a, une nouvelle fois, « remercié chaleureusement l’ensemble des salariés du Groupe qui, par leur engagement, ont permis ces performances dans un contexte exigeant. » Et, une nouvelle fois, nous demandons que ces remerciements se concrétisent sous forme d’une prime de 4000€ pour tous et d’une compensation de la baisse inacceptable de la PVM.

Marché Entreprises : vers la fin de la position dominante

Orange qui dispose encore, à ce jour, d’une part de marchés confortable sur le marché Entreprises (de l’ordre de 60%, + 20% pour SFR, pour un marché de près de 9,7 Mds€) ) se voit désormais attaqué ces par Bouygues et Free, qui tentent d’accélérer sur ce marché, via des opérateurs alternatifs, créés à l’occasion des RIP.  Bouygues a racheté les opérateurs « Keyo » et « Nerim » ; Free, pour sa part, a racheté « Jaguar Network », spécialiste des télécoms pour les entreprises et fournisseur de services « cloud ». ( 100 Ms€). Bouygues et Free, en rachetant ces opérateurs alternatifs, récupèrent une partie de leur base clients, une expertise métiers ou une empreinte régionale.
Ce marché qui évolue vers la Fibre, est plus intéressant que le marché grand public en ce sens que les marges y sont plus fortes et les clients plus fidèles.
Le risque pour Orange tient à ses récentes réformes organisationnelles (Come, Delivery) qui ont tellement plombé, lourdement et de manière durable, les délais et la qualité de livraison dues à nos clients que ceux-ci pourront désormais, plus facilement que par le passé, être tentés par une concurrence désormais plus vive.

Dividendes : contre l’avenir de l’entreprise et de ses salariés

Lors de la séance de mars du CCUES, nous avons interrogé M. Ramon Fernandez, directeur financier d’Orange sur la hausse du dividende à 0,70€ par action. Soit plus que le résultat net de l’entreprise qui s’élève à 2,158 Mds. Il a répondu que la capacité de distribution était assise sur le capital social d’Orange, soit un montant de 8,6 Mds. Donc qu’on pourrait distribuer beaucoup plus ! S’agissant de l’argument peu contestable, avancé par FOCom, concernant le fait que cette redistribution obère notre capacité à investir, M. Fernandez a répondu que nous étions l’opérateur qui investit le plus en Europe…
De là à justifier une nouvelle augmentation du dividende pour attirer les investisseurs sur un marché très tendu, quitte à diminuer les investissements, il n’y a qu’un pas. C’est le scenario qui se dessine d’après le cabinet APEX. Selon les prévisions des analystes, ce qui se prépare pour 2018-2022 c’est une forte croissance du taux d’EBITDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) et un taux élevé de transformation de l’EBITDA en dividende. Celui-ci passant de 0,70€ en 2018 à 0,877€ en 2022. Pour une base 100 en 2018, le Chiffre d’Affaires passerait à 103 en 2022, l’Ebitda à 110 et le dividende à 125. Cela implique, pour dynamiser l’EBITDA, une nouvelle saignée dans les charges de personnel et une pression accrue sur la productivité. Sont cités : approches par brique réutilisables, modification des processus, sous-traitance, digitalisation (tout particulièrement des actes de ventes) qui impacte très directement les effectifs et l’empreinte territoriale du groupe…
Si cette stratégie était mise en œuvre (et les propos du directeur financier ne sont pas rassurants), ce serait une capitulation devant les diktats des requins de la finance qui veulent dégager des marges aux dépens des investissements, quitte à menacer à terme l’entreprise. Et exercer une nouvelle pression sur les coûts aggravant encore les conditions de travail. Doublement inacceptable !

Procès de France Télécom

Le procès de France Télécom s’ouvrira en mai.
Les fédérations syndicales et syndicats de France Télécom, ainsi que deux associations de victimes se sont portées parties civiles dans le procès de la crise sociale de 2007-2010 où la direction de l’époque a mis en œuvre des méthodes particulièrement violentes de harcèlement institutionnalisé, pour supprimer 22.000 emplois en trois ans, « par la porte ou par la fenêtre », dixit Didier Lombard, PDG de l’époque.
Le procès de France Télécom et sept de ses anciens dirigeants (dont Didier Lombard) va s’ouvrir en mai 2019, soit presque dix ans après l’ouverture de l’instruction sur cette affaire, à la suite (pour partie) de procédures dilatoires des accusés. Beaucoup de victimes ont quitté l’entreprise, rares sont celles qui ont pu demander et obtenir une indemnisation. Si certaines ont tourné la page, d’autres ont vu leur carrière, leur vie basculer dans le vide de cette période, sans pouvoir se reconstruire, ou tout du moins, sans séquelles et souvenirs douloureux. France Télécom n’a jamais souhaité ouvrir une quelconque négociation sur les réparations, individuelles ou collectives, dans un déni des préjudices subis, que cela soit dans les collectifs de travail, dans la carrière, la santé, l’environnement familial et social de ses salariés. Cela n’est pas acceptable.
Il faut que justice soit rendue !
Ce procès doit être le procès des responsables de cette crise sociale. Nous souhaitons une condamnation exemplaire, pour que les dirigeants d’entreprises tentés par ces méthodes de management connaissent désormais la menace que la Justice pourra faire désormais peser sur eux. La crise des suicides à France Télécom peut facilement se produire dans d’autres entreprises, tant la financiarisation de l’économie pousse leurs dirigeants à accroître sans cesse la productivité et la rentabilité à court terme,  les salariés étant les premiers à en subir les effets négatifs avec des restructurations incessantes, la précarisation et les suppressions massives d’emplois, jusqu’à y perdre leur santé et même leur vie. Cet argent facile, les salariés le paient aujourd’hui dans leur vie.
Ainsi, nous souhaitons que ce jugement débouche sur une inscription dans la loi, car la crise sociale connue à France Télécom n’est pas un cas isolé dans un monde du travail où il est toujours si difficile de faire reconnaître les victimes du harcèlement patronal.
La parole des victimes doit être entendue !
Nous refusons que les victimes de France Télécom Orange soient passées par pertes et profits et ce procès devra entendre, d’une manière ou d’une autre, la voix des victimes et de leurs proches.
Communiqué de presse : ASD Pro, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FOCom, SUD, UNSA.