Par un mail aux salariés du Groupe en date du 13 septembre Stéphane Richard revient sur « nos enjeux pour cette rentrée ». Il y décline les ambitions au cœur du nouveau plan stratégique d’Orange pour 2025 qui sera dévoilé à la fin de l’année en même temps que la raison d’être de notre Groupe. Pas de scoop hormis l’engagement de l’entreprise pour sa « performance sociétale », à savoir sa lutte contre la fracture numérique et le réchauffement climatique. Avec la présentation de la prochaine campagne institutionnelle d’Orange qui prône « un usage responsable du digital », message que chacun partagera avec le père inquiet et attentionné au moment d’offrir un mobile à sa préadolescente. Ces questions seront au cœur de notre table ronde du 27 septembre – à laquelle nous vous invitons (inscrivez-vous ici). Nous y aborderons bien entendu la question, pour nous centrale, de la transformation du Groupe dont l’accélération ne doit pas se transformer en emballement. Les déménagements, les réorganisations, les nouveaux environnements, modes et outils de travail, les grands projets ne peuvent pas être imposés à marche forcée sans égards pour les personnels, sans les écouter. Au risque de commettre des erreurs (on pense à Delivery ou au flex) et de voir ressurgir de la souffrance. Stéphane Richard dit qu’il sera « particulièrement vigilant sur la mise en œuvre de la Transformation, de son impact sur les femmes et les hommes d’Orange, de son explication et de son accompagnement. ». Comment cela se concrétise ? Nous en débattrons le 27 septembre.
Requête d’Orange contre l’Arcep
Orange a déposé une requête devant le Conseil d’État pour une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) contestant la mise en demeure par l’Arcep. En cause le reproche fait à Orange de ne pas respecter ses obligations vis-à-vis des autres opérateurs sur la mise à disposition de son réseau cuivre. La procédure peut potentiellement déboucher sur une lourde amende de près de 1 milliard d’euros. Dans sa requête, Orange argue que l’Arcep est à la fois juge et partie et qu’il existe une trop grande porosité entre ses trois missions : édicter des règles pour le marché, contrôler les opérateurs télécoms, mais aussi sanctionner ces derniers. FOCom dénonce depuis longtemps le parti pris du « gendarme » contre l’opérateur historique et la multiplication des procédures se soldant par des « sanctions » colossales qui fragilisent l’entreprise, sa capacité à investir et à jouer son rôle de locomotive dans le déploiement des réseaux dont la 5G et la lutte contre la fracture numérique.
Halte au grand chambardement
Le projet immobilier Magnetik visant à regrouper 1 000 personnes de la Direction Orange Île-de-France dans un immeuble à la Porte d’Orléans est « différé ». Il visait à regrouper, dans 4 immeubles modernes proches du périphérique parisien, les États-majors de la DO et des Unités Opérationnelles, ainsi que des équipes opérationnelles avec des activités non adhérentes actuellement installées dans 15 immeubles parisiens. La Directrice Orange Île-de-France l’a annoncé le 18 juillet en justifiant la décision « compte tenu du nombre important de grands projets déjà engagés ». C’est le moins que l’on puisse dire ! En plus des déménagements déjà réalisés ou engagés comme East View ou Cœur de Défense, les grands projets immobiliers en cours d’ici 2023 devraient impacter 17.642 « occupants » (voir la carte ci-jointe). Cette « optimisation immobilière » réalisée aux dépens des conditions de vie et de travail des personnels est inacceptable : aggravation des temps de transport, imposition d’environnements de travail contestés (flex office notamment) et de nouvelles méthodes de travail, dégradation des conditions de travail et du collectif… Et tout cela souvent sans respect des procédures de concertation ont conduit FOCom à saisir, avec d’autres OS, les tribunaux contre certains projets. FOCom conteste une nouvelle fois la baisse des coûts réalisée au détriment des conditions de travail. Il faut arrêter cette folie !
Orange : l’ex France Télécom a encore des leçons à tirer du passé
Alors que le jugement du procès de France Télécom et de ses ex dirigeants, pour harcèlement moral, sera rendu en fin d’année, près de dix ans après la « crise sociale » de 2010 qui avait provoqué une vague de suicides parmi le personnel de l’opérateur historique des télécommunications, qu’en est-il des conditions de travail actuelles dans l’entreprise, devenue Orange en 2013 ?
Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 20 décembre prochain dans le procès pour « harcèlement moral » ouvert en mai contre la personne morale France Télécom et sept de ses ex-dirigeants. La fédération FOCom qui figure parmi les 167 parties civiles (dont toutes les autres organisations syndicales), « espère que justice soit enfin rendue et que cela ne se reproduise jamais. »
Les faits remontent à près de dix ans, quand des dizaines d’agents de l’opérateur historique s’étaient suicidés. L’ambition des dirigeants aujourd’hui jugés était alors de supprimer 22.000 emplois le plus rapidement possible (plan Next). Les pressions étaient énormes. Les managers avaient pour consigne d’œuvrer en priorité à la réduction de leurs équipes. La seule filière Ressources Humaines avait vu le nombre de ses salariés passer brutalement de 3200 à 800… Lire l’article paru sur le site de la confédération FO
L’investissement et l’innovation doivent redevenir la priorité
Une étude réalisée sur les entreprises du CAC40 (Profil financier du CAC40, 12ème édition, EY § Ricol Lasteyre) montre une amélioration de leur chiffre d’affaires. Elles dégagent des résultats nets supérieurs à ceux d’avant crise 2008. On ne peut que s’en réjouir d’autant que cette forte croissance (+5%) est organique et non plus liée aux seules fusions et acquisitions. Cependant, outre des dividendes trop élevés, nous relevons avec regret que les entreprises du CAC 40 ne se saisissent pas de l’opportunité des taux d’intérêt très bas pour investir y compris en contractant des dettes à long terme. A l’inverse, ces entreprises ont renforcé leurs capitaux propres, se sont désendettées et ont réduit de manière significative leurs investissements.
Orange, malgré sa seconde place parmi les entreprises du CAC40 qui investissent le plus, n’échappe pas à ce constat. Or, le secteur du numérique nécessite de changer d’échelle si l’on veut jouer dans la cour des grands au niveau international. Il faut en particulier, au-delà des défis sur les réseaux, prendre toute notre place dans les innovations liées à l’IA, ce qui est très consommateur de capital. FOCom réitère sa détermination à défendre l’investissement et l’innovation, gages de la pérennité de notre entreprise, de sa capacité à gagner des parts de marché dans un contexte particulièrement tendu. C’est la raison pour laquelle nous contestons l’énorme pression sur les coûts, la masse salariale et les emplois exercée depuis des années par la direction. C’est également la raison pour laquelle nous nous élevons contre les injonctions contradictoires auxquelles les pouvoirs publics et les instances européennes soumettent l’opérateur historique au nom du dogme ultra-libéral de la concurrence. Comment déployer les réseaux, assurer la couverture du territoire, préserver les services de proximité d’un côté et ne pas « trop » investir, être « trop » performants de l’autre ?
Au-delà de ses conséquences sociales, cette politique représente à notre sens un véritable danger pour l’avenir d’Orange et de ses personnels.