Retour de l’état d’urgence
L’état d’urgence sanitaire donne à nouveau tout pouvoir au gouvernement pour restreindre de façon stricte la circulation, les réunions de tous ordres. La limitation des libertés individuelles et collectives conduit de fait à entraver sérieusement l’action syndicale, pourtant essentielle tant pour la santé des travailleurs que l’emploi et le pouvoir d’achat.
Le gouvernement doit en conséquence répondre immédiatement aux cinq confédérations syndicales sur les points de leur lettre adressée au Premier ministre et au Président de la République :
- interdire les licenciements dans tous les secteurs bénéficiant d’aide publique [et, pour FO, contrôler strictement toute procédure de suppression d’emploi quant à son motif en rétablissant une autorisation administrative] ;
- engager un processus de revalorisation des emplois des secteurs essentiels (la « deuxième ligne ») ;
- annoncer le retour définitif des dispositions de la convention 2017 de l’assurance chômage en abandonnant la réforme imposée en 2019 ;
- annoncer le retrait du projet de réforme des retraites ;
- rétablir les moyens de représentation collective des salariés en revenant sur les ordonnances travail, et notamment les CHSCT.
FO met en garde : les salariés ne doivent en rien subir les conséquences de cette situation.
Pour FO le pouvoir d’achat des salaires, pensions et minimas sociaux demeure une préoccupation et une revendication légitime.
Courrier au Premier ministre des 5 organisations syndicales
Dans un courrier adressé au premier ministre, dans la journée de mercredi 14 octobre, les dirigeants de FO, CFDT, CGT, CFECGC et CFTC somment l’exécutif de revoir sa copie sur plusieurs dossiers-phares tels que dialogue social, plan de relance, assurance-chômage, retraites ou l’assurance chômage. Ils réclament l’abandon pur et simple de la réforme de l’assurance-chômage adoptée en 2019. Suspendue par le gouvernement jusqu’au début 2021, elle doit laisser place aux dispositions négociées par les partenaires sociaux en 2017. Ils réaffirment que l’exécutif doit renoncer à « remettre à l’ordre du jour le sujet des retraites », et ce, « quelles que soient [leurs] analyses et positions sur le fond ». Ils exigent qu’il soit tenu compte des conséquences de la crise sanitaire et économique qui s’avèrent « dramatiques » et « violentes pour l’emploi, les perspectives d’emploi, les salaires et les conditions de vie d’une partie importante de la population, la moins favorisée, les jeunes en particulier. Ils réclament une « réunion d’urgence » consacrée à la « reconnaissance effective du rôle essentiel » des salariés dits de la « deuxième ligne » (caissières, routiers, éboueurs, etc.) « qui doit se traduire sans délai par une revalorisation des salaires, conditions de travail, d’emploi et de carrières ».
Courrier au Premier ministre des 5 organisation syndicales
En 10 ans, la fortune des milliardaires français a augmenté de 439 %
Selon une étude publiée début octobre par la banque suisse UBS et le cabinet d’audit et de conseils PWC, la fortune cumulée des milliardaires français est passée de 82 milliards de dollars en 2009 à 442,9 Mds en 2020, malgré la crise sanitaire, soit une augmentation de 439%. La France arrive en deuxième position en termes d’augmentation de la fortune de ses milliardaires derrière la Chine (+1146 %). Début avril 2020, le monde comptait 2.058 milliardaires contre 969 en 2009 et leur richesse a triplé, passant de 2,8 trillions de dollars à 8 trillons, soit 8 milliards de milliards de dollars en 10 ans. La Covid-19 n’a pas nui à leurs affaires : ainsi, entre avril et juillet 2020, le compte en banque des milliardaires du numérique et de la technologie a grossi de 41,1 %… Cela invalide, s’il en était besoin, l’argument de la crise utilisé lors des négociations salariales pour justifier de geler les rémunérations.
Inégalités : sans surprise le fossé se creuse
Depuis la crise des subprimes de l’automne 2008, l’écart de niveau de vie entre ménages pauvres et riches s’est accentué et les mesures censées améliorer le pouvoir d’achat des ménages fin 2018 ont eu un effet négatif. D’après une étude de l’Insee publiée en septembre 2020, la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et l’instauration de la « flat tax » au début du quinquennat ont accru fortement les revenus des 0,1% des Français les plus aisés, tandis que la distribution de dividendes, de plus en plus concentrée, a explosé. La réforme des allocations logement a engendré un recul du niveau de vie pour les 30% des ménages les plus pauvres. La part de la population disposant d’un revenu inférieur à 1.062 euros par mois a augmenté de 0,7 point par rapport à 2017. 9,33 millions de personnes sont touchées, soit 14,8% des Français.
Et maintenant le gouvernement, qui prétend mettre en place des réformes «plus justes et équitables», consacre moins de 1% de son plan de relance aux plus fragiles, soit 800 millions d’euros sur un budget total de 100 milliards. Une fois de plus, la plus grande partie est destinée aux entreprises sans conditions ni contrôles.
FOCom rappelle que l’accroissement des inégalités met en péril notre modèle social et revendique, pour y remédier, des emplois et l’augmentation des salaires, notamment la revalorisation du SMIC, du RSA et du point d’indice des fonctionnaires.