Le travail précaire explose en Grande-Bretagne : les contrats « zéro heure » représentent près de 3% de l’emploi total et le « travail indépendant » 15%.
Un rapport censé mieux encadrer «l’économie des petits boulots» vient d’être publié. Il a été confié au très libéral Matthew Taylor, à une avocate d’affaires internationales et à un investisseur de Deliveroo, entreprise de
livraison de nourriture par des coursiers à vélo. Celle-ci fonctionne selon le modèle Uber avec une plate-forme digitale de mise en relation entre clients et prestataires, utilisant essentiellement des travailleurs indépendants, sans salaire minimum ni protection sociale basique ou des «contrats zéro heure» disponibles à tout moment sans garantie d’un volume minimal d’heures travaillées.
Loin de condamner cette flexibilité ultime, les rapporteurs l’estiment au contraire « importante et nécessaire ». Et pour l’ancrer dans le monde du travail, ils proposent la création du statut de «contractant dépendant». Ni employé ni véritablement auto-entrepreneur, il aurait un contrat de travail dès son embauche, sans application stricte du salaire minimum, mais avec tout de même un accès à la protection sociale des employés traditionnels (arrêt maladie et congés payés par exemple).
Une sécurisation a minima confortant la flexibilité à sens unique qui fait porter tous les risques sur des travailleurs sans droits sociaux. Au regard du profil des auteurs du rapport, on ne pouvait guère s’attendre à une approche différente, il faut compter sur nous-mêmes pour organiser la résistance à la précarisation et à la flexibilité.
Loi travail : une requête FO examinée par le Conseil Constitutionnel
Le Conseil d’État a renvoyé, mercredi, au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de FO sur les modalités d’organisation des référendums d’entreprise créés par la loi El Khomri pour valider des accords minoritaires. Le texte, imposé à l’été 2016 malgé une opposition ultra majoritaire, avait en effet instauré la possibilité pour un ou plusieurs syndicats d’organiser un référendum d’entreprise pour valider un accord signé par des organisations syndicales représentant plus de 30 % des salariés de l’entreprise. La consultation ne peut se faire que sur les sujets liés au temps de travail. FO estime que le fait que les modalités du référendum ne puissent être fixées que par les syndicats signataires de l’accord et l’employeur – excluant ainsi les syndicats non signataires – porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution. Une question jugée « sérieuse » par le Conseil d’État.
Coup double contre les fonctionnaires
Abandonné en 2014, le jour de carence dans la fonction publique, qui consiste à supprimer la paie le premier jour d’absence pour maladie, sera rétabli dès 2018, a annoncé le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin.
« Même si le jour de carence ne doit pas être le seul instrument pour lutter contre l’absentéisme des agents, qui est aussi la conséquence de souffrances d’une partie d’entre eux (…), il permet de lutter contre le micro-absentéisme qui désorganise les services, alourdit la charge de travail des collègues en poste et coûte environ 170 millions d’euros par an », a-t-il déclaré.
Après le gel de la valeur du point d’indice pour 2018, il s’agit d’une nouvelle attaque frontale contre les fonctionnaires.
Jean-Claude Mailly, a estimé sur BFM-TV que cette mesure était « une manière de stigmatiser les fonctionnaires ».
L’ensemble des syndicats de la fonction publique à l’exception de l’Unsa et de la CFE-CGC, ont mis en garde le gouvernement contre des réformes qui, « ne peuvent en rien être synonymes de reculs voire de démantèlement ».
Rappelons que, lorsque le jour de carenceavait été mis en place en 2012, FOCom avait obtenu lors de la NAO qu’Orange le prenne à sa charge.
Cherche liquidités désespérement
Pendant sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il entendait procéder à quelques privatisations. Le ministre de l’Economie l’a confirmé mercredi 5 juillet : « Nous mettrons 10 Mds € à disposition pour financer l’innovation et, en particulier, l’innovation de rupture ». « Ces dix milliards seront financés par la cession d’actifs de l’Etat dans un certain nombre d’entreprises, qui seront placés et rapporteront les moyens financiers nécessaires pour financer l’innovation ». Cette annonce n’est malheureusement pas une surprise et nous continuerons à nous battre pour éviter la privatisation totale d’Orange qui fragiliserait l’entreprise et son personnel.
Mais il y a un petit plus quand Bruno Lemaire ajoute un argument qui est pour le moins déplacé voire blessant : « J’assume d’annoncer d’ici quelques mois des cessions d’actifs importantes dans les entreprises publiques, qui permettront au contribuable de savoir que son argent est placé pour le futur et non pas pour le passé ». Ainsi l’argent mis par l’Etat dans les entreprises visées est en quelque sorte gaspillé dans des investissements passéistes ? Est-ce à dire, par exemple, que le capital placé dans Orange ne serait ni porteur d’innovation, ni porteur d’avenir ? Quel mépris pour une entreprise (et son personnel) qui tire la croissance nationale, innove et crée des emplois !
Code du travail pas en cause dans le chômage
C’est ce que démontre l’INSEE dans une note de conjoncture rendue publique le 20 juin. Selon l’enquête que l’institut a menée auprès de chefs d’entreprise, les deux principaux freins à l’embauche sont l’incertitude économique pour 28 % des entreprises et la difficulté à trouver une main-d’œuvre compétente pour 27 % d’entre elles. Loin, loin devant la réglementation du marché de l’emploi, que seuls 18 % des employeurs considèrent comme une barrière pour recruter. Celle-ci est même moins importante aux yeux des entrepreneurs que le coût du travail (23 %), dans lequel le niveau potentiellement élevé des salaires n’est quasiment pas mentionné (7 %). Contrairement à ce qu’affirment le nouveau Président de la République et son Premier Ministre, réformer le Code du travail dans un sens plus libéral et le rendre plus « flexible » pour « libérer les énergies » ne permettra pas d’embaucher plus. FO le clame depuis longtemps, et voilà que ce sont des patrons qui le reconnaissent !