Dans un contexte international et européen de dérégulation économique et sociale générant inégalités, chômage et précarité, les ordonnances sur le Code du travail, préparées sans évaluation pertinente des textes précédents, doivent impérativement être scrutées avec une vigilance aigue.
En première réaction, FO relève que des semaines de concertation intense, au cours desquelles FO a défendu ses positions, ont permis de faire évoluer certains points clefs comme la place de la branche dans l’articulation des niveaux de négociation, l’obtention d’une augmentation de l’indemnité légale de licenciement ou la liberté de désigner le délégué syndical. De fait, cette concertation de 3 mois a été un rapport de forces constant.
Ainsi, même si nous demandons toujours l’abrogation de la loi El Khomri, nous constatons que nous avons empêché son extension aux autres domaines du travail, ce qui aurait été une loi travail XXL.
Pour autant, sur d’autres points clefs, des désaccords ou oppositions importants persistent. C’est par exemple le cas en matière de prud’hommes, de droit à l’erreur en matière de motifs de licenciement ou de conditions relatives aux institutions représentatives du personnel.
Dans ces conditions, FO va faire une analyse approfondie des textes et entend également garder le contact qu’elle a avec toutes les autres confédérations syndicales depuis le début.
Les ordonnances sont de la responsabilité des pouvoirs publics. Nous ne sommes pas des colégislateurs.
Pour sa part, FOCom réaffirme son opposition à la fusion des IRP qui conduirait à l’affaiblissement des CHSCT. Faire disparaitre les CHSCT au moment même où les risques psychosociaux explosent constituerait une mesure lourde de conséquences. Notre expérience à La Poste comme à Orange montre clairement la nécessité de l’indépendance et de la force des CHSCT.
Notre détermination reste entière pour défendre nos instances et les droits des salariés.
L’Allemagne : un exemple, vraiment ?
Alors que la libéralisation du marché du travail allemand est citée comme un modèle à suivre, il apparaît qu’elle entraîne un développement spectaculaire de la précarité et de la pauvreté. Fin juillet, une fois les « dispositifs d’activation » (formations, coaching, mini jobs, etc.) sortis des statistiques, le taux de chômage officiel était de 5,7%… au prix de 85% d’embauches en contrats précaires dépourvus des protections réservées aux CDI. Outre les mini jobs à 400 € par mois, le CDD sans limite de temps et exonéré de charges a ainsi été créé. Les aides sociales ont été fusionnées avec les indemnités de chômage longue durée en une allocation forfaitaire unique (409€ par mois pour une personne seule). Les chômeurs sont amenés à effectuer des jobs à 1 € de l’heure pour justifier de leur allocation ou à accepter tous les emplois sous-payés, sans sécurité sociale ni droits à la retraite. Aujourd’hui seuls 29 millions de salariés sur 42 millions disposent de la sécurité sociale. On compte 14 millions de pauvres (touchant moins de 979€ par mois) et de nombreux retraités sont contraints de recourir à de petits boulots pour survivre. Après le fiasco avéré des potions libérales notamment imposées à la Grèce, à l’Italie et à l’Espagne, la dérégulation du marché du travail à l’allemande n’est certes pas la voie à suivre.
Comment gagner des millions ?
Le tour de passe passe de SFR consistant à imposer une option payante dans ses forfaits internet de 5 euros justifiée par l’ajout de la chaîne de cinéma et de séries Altice Studio après avoir augmenté de 2 à 3 euros ses abonnements mobile, lui rapporterait dans les 460 millions d’Euros par an (selon une estimation de la lettre professionnelle Satellifax spécialisée dans l’audiovisuel). Le budget annuel d’Altice Studio s’élevant à 160 millions d’euros, l’opérateur réalise donc une excellente affaire… sur le dos de ses clients.
Attentats de Barcelone et Cambrils
Communiqué de Jean-Claude Mailly Secrétaire Général de FO :
« Au nom de la Confédération Force Ouvrière, j’exprime à nouveau notre plus ferme condamnation de ces actes lâches et ignobles et présente aux familles des victimes, au peuple espagnol, mes sincères condoléances. Je souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Je témoigne également de notre entière solidarité aux organisations syndicales espagnoles, aux travailleur(euse)s espagnol(e)s, afin qu’ensemble, nous poursuivions notre engagement pour les valeurs fondamentales de paix, de tolérance et de démocratie. »
Les dangers de l’ubérisation
Une étude du ministère du Travail conforte notre condamnation de l’ubérisation de la société. Cette étude indique en effet que les emplois flexibles proposés par les plateformes types Uber ou Hopwork peuvent dégrader la qualité des emplois en augmentant la précarité et les risques psychosociaux, surtout s’ils se substituent à des emplois salariés mieux protégés : « L’économie des plateformes peut faire voler en éclats le statut de salarié tel qu’il a été construit tout au long du XXesiècle, un statut qui, en échange de la subordination à l’employeur, offre de nombreuses garanties matérielles. En cela, elle s’inscrit dans le prolongement du mouvement d’externalisation et de segmentation des processus productifs amorcé dans les années 1990, qui n’est pas sans effet sur la qualité des emplois, et en particulier sur le partage des risques économiques. » Le document du ministère du Travail fait état de nombreux travaux qui accréditent la thèse d’une hausse des inégalités en lien avec la révolution numérique. A côté d’emplois hautement qualifiés et rémunérés, se trouve une « communauté de travailleurs partenaires » peu qualifiés, mal rémunérés et mis en concurrence les uns avec les autres.
Face à cette situation, pour FO l’urgence est bien de renforcer les droits du travail, et non de les « alléger ».