« La France est maintenant devenue un chef de file des réformes en Europe », se félicite le Fonds monétaire international. Il enjoint toutefois le gouvernement français de « mettre en œuvre ces réformes de manière résolue, de les suivre avec soin et de les renforcer si nécessaire ». Et il lui prodigue ses conseils. Il recommande ainsi d’accroître la flexibilité des entreprises sur le plan de la formation des salaires de base
et de réduire le champ d’application du mécanisme qui régit les salaires minimums
. Il préconise de simplifier les prestations sociales, de maîtriser les dépenses de santé en réformant les hôpitaux et les soins de base et en intégrant mieux les différents niveaux de soins. Concernant la réforme des retraites en cours de consultation
il suggère de relever progressivement l’âge effectif de la retraite en tenant compte de l’allongement de la durée de vie
, en plus de son objectif d’unifier les différents régimes. Etc, etc. Le FMI est toujours imaginatif quand il s’agit de taper sur les populations et les travailleurs.
Nouvelle offensive contre les plus démunis
Dans le cadre du plan de réduction des dépenses publiques de 80 Mds € d’ici 2022, selon une note hypocritement intitulée « Transformer les prestations sociales », la direction du Budget prévoit de réduire drastiquement les dispositifs d’aide aux ménages, en général, et aux personnes démunies en particulier.
Parmi les coupes sont prévus :
– le gel en 2019 des prestations dites légalement indexées (allocations familiales, retraites…),
– la refonte du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation de solidarité spécifique (pour les chômeurs en fin de droits), du minimum-vieillesse, de la prime d’activité et des prestations familiales,
– l’octroi de certains minima sociaux conditionné « à des démarches actives de recherche » d’un poste,
– la révision des conditions d’attribution de l’allocation adultes handicapés (AAH) pour « inciter effectivement à la reprise d’activité », ainsi que de l’allocation personnalisée pour l’autonomie (APA), destinée aux personnes âgées qui ont besoin d’accompagnement dans leur vie quotidienne,
– la remise en cause de l’attribution des APL à toute une partie de ses bénéficiaires,
– la révision à la baisse, voire le gel des bourses sur critères sociaux (BCS), accordées aux étudiants issus de foyers modestes.
Pascal Pavageau, secrétaire général de FO, a qualifié ce projet inégalitaire de “politique pour les 10,5 % de “premiers de cordée” qui ont coupé la corde depuis bien longtemps”. En effet, parallèlement le gouvernement fait de somptueux cadeaux fiscaux à ceux qu’Emmanuel Macron qualifie de premiers de cordée : 4 Mds sur l’ISF, 4 Mds sur l’imposition du capital, 800 millions avec la suppression de l’exit tax…
La France reine du dividende
Selon Oxfam, entre 2009 et 2016, les bénéfices des entreprises des 40 plus grandes entreprises françaises, cotées en Bourse au CA40, ont bondi de 60 %, dépassant 93 Mds € en 2017. Les 2/3 de ces bénéfices ont été reversés aux actionnaires au détriment des investissements (27,3 %) et des salariés (5,3 %).
Les dividendes versés aux actionnaires ont quasiment doublé depuis les années 2000 tandis que les dirigeants ont fait le choix de tailler dans les investissements. Ainsi, en 2011, alors que les entreprises du CAC 40 enregistrent une baisse de 10 % de leurs bénéfices par rapport à 2010, elles augmentent le versement des dividendes de 15 % et rognent de 38 % leurs investissements.
Concernant la rémunération des dirigeants, en 2016, les PDG du CAC 40 ont gagné en moyenne 257 fois le SMIC et 119 fois plus que la moyenne de leurs salariés, alors que ce dernier écart était de 96 en 2009.
Comment relancer l’investissement et stopper cette aggravation des inégalités en France ? Le gouvernement pourrait, avec son “plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises”, interdire que la part des bénéfices reversée aux actionnaires dépasse celle destinée aux investissements et aux salariés… Une douce utopie ? Sans doute, au vu des options gouvernementales en cours et sachant que les entreprises dont l’Etat est actionnaire ont versé en moyenne 86 % pour les actionnaires contre 67 % pour les autres entreprises.
Commémorer la traite, l’esclavage et leur abolition
Le 27 avril pour Mayotte, le 22 mai pour la Martinique, le 27 mai pour la Guadeloupe, le 10 juin pour la Guyane, le 20 décembre pour la Réunion commémorent la lutte contre l’esclavage. Le 10 mai a été instauré en France “journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition ». Au-delà des controverses sur le bien-fondé de telle ou telle date (le 23 mai venant en mémoire des victimes), relevons que le 10 mai correspond au vote par un parlement d’une loi reconnaissant la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité. Une exception française opportune.
Loi PACTE : toujours la même chanson
Dans le cadre de la loi Pacte, le « plan d’action pour la croissance et la transformation de l’entreprise », le gouvernement entend supprimer l’obligation de certification des comptes dans les petites et moyennes entreprises. Le seuil déclenchant l’obligation de nommer un commissaire au compte serait relevé de 3,1 millions à 8 millions € de chiffre d’affaires.
Au-delà du cataclysme social pour les commissaires aux comptes avec 6000 à 7000 emplois supprimés, cette mesure risquerait d’avoir de graves conséquences économiques et sociales. Outre le contrôle des comptes et de la fiscalité des entreprises, les CAC ont en effet pour mission de déclencher des procédures d’alerte en cas de difficultés économiques et de révéler à la justice les faits délictueux. Subsidiairement nous relevons que le gouvernement, très soucieux des charges des PME, n’a pas les mêmes attentions pour celles des syndicats soumis à la certification de leurs comptes par un commissaire aux comptes dès… 230.000 € de ressources ! Mansuétude pour les uns, tatillonnage pour les autres, c’est toujours la même chanson.