Le Premier ministre a commencé à lever le voile sur les perspectives budgétaires qu’il entend présenter au Parlement dans le cadre du Projet de Loi de Finances 2019.
Malgré le constat de l’échec en termes de croissance de sa politique économique ultra libérale favorisant les seuls «premiers de cordée», il persiste en pénalisant encore un peu plus les catégories sociales les plus fragiles. Ainsi la réévaluation des prestations sociales et familiales sera plafonnée à 0,3% en 2019 et 2020 alors que les prix s’envolent et que l’INSEE prévoit pour 2019 une inflation de 1,7 %. Et la déconnexion de la revalorisation des pensions des retraités avec l’inflation accentue la paupérisation des inactifs, après la hausse de la CSG du début d’année.
Par ailleurs, le gouvernement annonce la suppression de 4500 emplois dans la Fonction publique de L’État et plus de 10000 les années suivantes, mettant en péril le service rendu aux citoyens et aggravant les conditions de travail des fonctionnaires, comme on le déplore dans le secteur hospitalier.
L’allocation de rentrée scolaire (ARS) en question
En hausse de 1% par rapport à l’année passée, le montant de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) a commencé à être versé dès le jeudi 16 août aux 2,8 millions de ménages bénéficiaires. Son montant varie en fonction du nombre et de la tranche d’âge des enfants : 367,73 € pour un enfant âgé de 6 à 10 ans, 388,02 € pour un enfant de 11 à 14 € et 401,47 € pour un enfant âgé de 15 à 18 ans (montants majorés d’environ 2 € à Mayotte). L’ARS est soumise à des conditions de ressources. Ce sont les revenus annuels de 2016 qui sont pris en compte. Les plafonds à ne pas dépasser dépendent du nombre d’enfants : 24.453 € pour un enfant, 30.096 € pour 2 enfants et 35.739 € pour 3 enfants.
FOCom estime le montant de l’ARS insuffisant et qu’elle devrait bénéficier à beaucoup plus de foyers. Par ailleurs, avec la fusion des allocations, nous nous inquiétons sur l’utilisation qui en sera faite. Elle est en principe censée couvrir les frais de rentrée scolaire. Qu’en sera-t-il lorsqu’elle sera versée à une date éloignée de celle-ci et qu’elle sera fondue avec d’autres allocations ?
Fusion des allocs : davantage de perdants
Selon France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon, il y aura plus de perdants que de gagnants dans la fusion des allocations en une seule “allocation sociale unique” (ASU) envisagée par le gouvernement : 3,55 millions de ménages verraient leurs revenus diminuer du fait de la baisse ou de la perte de leurs prestations, tandis que 3,3 millions de foyers enregistreraient une hausse de leurs ressources. Ainsi la réforme ferait “presque deux fois plus de perdants que de gagnants parmi les titulaires de l’allocation de solidarité spécifique (ASS)”, c’est-à-dire des chômeurs en fin de droit. Encore un sujet de friction pour la rencontre du 30 août entre FO et le premier ministre.
Les partenaires sociaux reçus à Matignon
Dans la foulée du sommet social du 17 juillet lors duquel Emmanuel Macron s’était engagé auprès des partenaires sociaux à ne plus les contourner pour les prochaines réformes, Edouard Philippe va recevoir les partenaires sociaux avec deux gros dossiers au menu : l’assurance-chômage et la santé au travail. Pour FO ce sera le 30 août.
Les Français attachés à leur système de protection sociale
Contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire pour justifier la casse de notre système de protection sociale qui serait « trop coûteux », les Français sont très attachés à leur modèle basé sur la solidarité collective et le système par répartition. Ainsi, selon la Direction régionale économique et sociale, « 63 % d’entre eux trouvent normal que le tiers du revenu national serve au financement de la protection sociale » (une proportion stable depuis 2004). Ce que ne partagent évidemment pas ceux qui veulent mettre la main sur cette manne pour leur seul profit. Tels les assureurs privés, les détenteurs de fonds de pension, les aventuriers de la finance et tous leurs appuis qui prônent la capitalisation et vantent l’individualisation.