Le rapport « Perspectives pour l’emploi et le social dans le monde » de l’ Organisation internationale du travail (OIT) dresse un bilan inquiétant du chômage mondial. Ce rapport comptabilise 2,3 millions de chômeurs en plus en 2015 alors que plus de 200 millions de personnes étaient au chômage en 2014 ! Les jeunes continuent d’être touchés de manière disproportionnée par la montée du chômage. Près de 74 millions d’entre eux (âgés de 15 à 24 ans) étaient à la recherche d’un emploi en 2014. Le taux de chômage des jeunes est trois fois supérieur à celui des adultes et ce, malgré l’amélioration de leur niveau d’instruction, ce qui ne fait qu’alimenter le malaise social.
« La pénurie d’emplois décents pousse les gens à se tourner vers l’emploi informel qui se caractérise par une faible productivité, une maigre rémunération et aucune protection sociale » explique Guy Rider, directeur général de l’OIT. Même dans certains pays occidentaux où le chômage est annoncé en baisse, le sous-emploi augmente : travail temporaire ou à temps partiel subi, taux d’activité faible, surtout chez les femmes et les jeunes.
La précarisation de ces emplois progresse et atteint 46 % de l’emploi total. Avec le creusement des inégalités et la baisse de la part salariale, le risque de troubles sociaux s’accroît, en particulier dans les régions où le chômage des jeunes est élevé. Pour désamorcer cette bombe à retardement « il faut absolument renforcer les politiques en matière d’emploi et commencer à réduire les inégalités », dit Guy Rider. Même dans les économies avancées où les inégalités ont toujours été moindres que dans les pays en développement, les inégalités de revenus se sont creusées rapidement après la crise de 2008 pour atteindre parfois même les niveaux observés dans certaines économies émergentes. Les emplois destinés aux travailleurs moyennement qualifiés déclinent et on constate une augmentation de la demande des postes situés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications, à savoir les moins qualifiés et les plus qualifiés. Ainsi, les travailleurs relativement bien formés sont désormais contraints de briguer des postes faiblement qualifiés. Cette nouvelle donne a participé à l’aggravation des inégalités de revenus enregistrées ces deux dernières décennies. L’augmentation des inégalités sape également la confiance dans de nombreux gouvernements. L’OIT insiste une fois de plus sur la nécessité d’effectuer une réforme financière qui relance l’économie, amenant les banques à favoriser les investissements dans les infrastructures et le développement des emplois durables.