Dans un article publié le 8 février dans The Conversation, Philippe Pradal, chargé de cours en droit à Sciences Po, avocat à New York et à Paris, combat l’idée selon laquelle « c’est en fluidifiant le marché du travail que les chômeurs retrouveront du travail ».
Cette « logique libérale » se traduit en France aussi bien par la volonté du Medef de supprimer toute justification du licenciement que par la mise en place dans la future loi travail d’un plafonnement des indemnités pour les licenciements sans cause réelle et sérieuse. Le juriste prend l’exemple du Montana, le seul État des États-Unis à avoir adopté, dès 1987, une législation exigeant de justifier le licenciement. Il constate que le taux de chômage (4 % fin 2015) y est inférieur à la moyenne nationale (5 %). Selon une étude réalisée par des économistes américains, l’adoption de cette loi a permis de faire baisser le chômage de 0,46 point. Philippe Pradal rappelle aussi que dans l’ensemble des États, tous les licenciements, justifiés ou non, peuvent être jugés illégaux, notamment lorsqu’ils sont « discriminatoires ou contraires à une règle d’ordre public ».
« L’absence de règles écrites encadrant le motif de licenciement renforce l’aléa judiciaire, avec un effet négatif sur l’emploi, conclut-il. L’exigence d’un motif personnel ou économique – dont les contours sont bien précisés par le code et plusieurs décennies de jurisprudence – n’est donc pas de nature à augmenter le coût du travail, mais plutôt à offrir de la sécurité juridique pour les deux parties au contrat de travail. »