La pandémie a encore aggravé les conséquences dramatiques des politiques de destruction systématique de l’hôpital public de ces dernières décennies que FO, comme beaucoup d’autres, ne cesse de dénoncer (plus de 100.000 fermetures de lits hospitaliers depuis 1993 dont 4.000 en 2018 et 3.400 en 2019). Dans son rapport annuel, la Cour des comptes, pourtant habituellement peu encline à défendre les services publics, étrille elle aussi les politiques de santé de ces dernières années qui n’ont pas suffisamment investi en lits et en personnels dans les services de réanimation. D’où un manque de lits chronique, que la crise aigüe met d’autant plus en lumière. Au 1er janvier 2020, il y avait 5.080 lits de réanimation. En déprogrammant massivement les interventions, cette capacité a été doublée, mais à quel prix ! Depuis 2013, le nombre de ces lits n’a augmenté que de 0,17% par an, soit dix fois moins que la progression, dans le même temps, du nombre de personnes âgées qui constituent pourtant les deux tiers des patients accueillis dans ces services. Si on avait accompagné correctement cette progression, on aurait attaqué la crise avec près de 6.000 lits disponibles. La Cour déplore aussi les difficultés de recrutement : pas assez de médecins, un turn-over très élevé des infirmiers, des conditions de travail éprouvantes, un manque de reconnaissance. La gestion des effectifs à flux tendu qui crée des situations de tension extrême s’explique notamment par le modèle de financement de l’hôpital. Tout est donc à revoir, estime la Cour qui appelle aussi à une meilleure reconnaissance des compétences des infirmiers, ainsi qu’à une réévaluation du nombre de lits nécessaires pour tenir compte du vieillissement de la population.