Le travail précaire explose en Grande-Bretagne : les contrats « zéro heure » représentent près de 3% de l’emploi total et le « travail indépendant » 15%.
Un rapport censé mieux encadrer «l’économie des petits boulots» vient d’être publié. Il a été confié au très libéral Matthew Taylor, à une avocate d’affaires internationales et à un investisseur de Deliveroo, entreprise de
livraison de nourriture par des coursiers à vélo. Celle-ci fonctionne selon le modèle Uber avec une plate-forme digitale de mise en relation entre clients et prestataires, utilisant essentiellement des travailleurs indépendants, sans salaire minimum ni protection sociale basique ou des «contrats zéro heure» disponibles à tout moment sans garantie d’un volume minimal d’heures travaillées.
Loin de condamner cette flexibilité ultime, les rapporteurs l’estiment au contraire « importante et nécessaire ». Et pour l’ancrer dans le monde du travail, ils proposent la création du statut de «contractant dépendant». Ni employé ni véritablement auto-entrepreneur, il aurait un contrat de travail dès son embauche, sans application stricte du salaire minimum, mais avec tout de même un accès à la protection sociale des employés traditionnels (arrêt maladie et congés payés par exemple).
Une sécurisation a minima confortant la flexibilité à sens unique qui fait porter tous les risques sur des travailleurs sans droits sociaux. Au regard du profil des auteurs du rapport, on ne pouvait guère s’attendre à une approche différente, il faut compter sur nous-mêmes pour organiser la résistance à la précarisation et à la flexibilité.