L’avenir, on le sait, appartient aux entreprises qui investissent dans la Recherche et le Développement. Le principe même de croissance dépend de la R&D. Conscient du retard européen, le Conseil de Barcelone avait fixé dès 2002 un objectif de 3% du PIB européen
pour l’investissement public et privé en R&D. Dans un contexte concurrentiel international extrêmement brutal, face aux multinationales (GAFAM1 et autres prédateurs disposant d’une force de frappe exceptionnelle), les opérateurs européens doivent rester en pointe de la technologie s’ils veulent survivre.
En matière de recherche, France Télécom a longtemps été exemplaire avec des inventions qui faisaient la fierté des salariés. FOCom ne cesse de revendiquer une politique beaucoup plus forte en termes de moyens humains et financiers. Or, la Recherche & Innovation d’Orange voit son budget global dégringoler : 726M€ en 2014, 705M€ en 2015, 683M€ en 2016…
La baisse est encore plus marquée sur la Recherche & Innovation interne aux Orange Labs : 504M€ en 2014 contre seulement 452M€ en 2016, soit une baisse de 10,3% en deux ans. On notera en revanche que les filiales qui financent principalement de la R&I
externe voient leur budget augmenter de 14,5% en moins de deux ans.
Le projet Nova+ (Orange a cherché à augmenter son agilité et sa réactivité face à une concurrence plus dure et variée, avec son programme Nova+, démarré en 2011 pour transformer l’innovation et accroître la productivité) indexait le budget R&I à hauteur de 1,9% du Chiffre d’Affaires du Groupe. On déplore que ce ratio soit désormais de 1,7%. Comme quoi, quand le CA baisse, le budget R&I baisse (c’était le cas en 2014 et 2015), mais quand le CA augmente (comme en 2016), le budget R&I baisse toujours…
Les promesses Nova+ ne sont donc pas tenues. Le budget Recherche est, quant à lui, à peu près maintenu (95M€ en 2014, 91M€ en 2016), sans doute pour rester proche du plafond de 100M€ donnant droit au Crédit Impôt Recherche de 33% (au-delà de 100M€, ce n’est plus que 5%).
La baisse des budgets R&I se répercute naturellement sur les effectifs des Orange Labs qui, cette année encore, payent un lourd tribut du fait des non-remplacements de départs massifs. Cette baisse est aggravée par une tendance forte à l’internalisation des tâches auparavant sous-traitées, avec une conséquence directe sur les charges de travail de ceux qui restent après le départ en retraite de leurs collègues.
FOCom demande d’appliquer une politique RH bien plus ambitieuse qu’actuellement en termes de promotions, de formations, de taux de féminisation…
1Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.