On le sait la stratégie de Patrick Drahi repose sur des acquisitions tous azimuts assises sur une dette pharaonique de 51 milliards d’euros : les télécoms, le câble, les medias, les acquisitions de droit sur le foot, la publicité, la production, le divertissement… tout est bon pour faire de l’argent avec l’argent des autres. En France, côté SFR, le bilan industriel et social est édifiant : un réseau et une qualité de service déplorables, des milliers de clients perdus depuis la reprise de SFR par Altice, des engagements non tenus, des suppressions d’emplois massives avec un nouveau plan de départs de 5000 personnes et un management d’une extrême brutalité. Mais ce n’est pas le souci de Monsieur Drahi. Aujourd’hui il entend essentiellement jouer en Amérique du Nord, 40% des marges du groupe provenant d’ores et déjà de ce continent. Et il ambitionne de porter la part des revenus américains d’Altice à 50% du total. Pour « toucher des liquidités et se doter d’une monnaie pour une consolidation future », il a réalisé le 22 juin la deuxième plus grosse introduction en Bourse de l’année aux Etats-Unis avec Altice USA, ce qui la valorise à près de 20 milliards d’euros.
Alors quand le directeur général du Groupe, Michel Combes, constate récemment que « sur l’Europe les opérateurs de télécoms nationaux sont dans une position de faiblesse » et qu’il lance un appel solennel en faveur de consolidations, il y a de quoi s’inquiéter. Si nous sommes convaincus de la nécessité de réduire le nombre d’opérateurs en Europe pour préserver leur avenir (et le nôtre), ce n’est évidemment pas sur le modèle économique et social développé par ces gens-là, ni avec eux…